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Enseigner au Burundi : mieux qu’avant ?

Alors que le 5 octobre nous avons célébré la journée mondiale des enseignants, pour l’enseignant burundais, malgré des avancées, le cœur  n’est toujours pas à la fête.

Pour commencer, comme pour en finir avec leurs divisions internes, les syndicats des enseignants ont mis en place une structure qui les regroupe. Entendez ici le Compte Spécial des Enseignants pour la Solidarité Nationale (COSESONA). Avec à la clé, des gestes de solidarité à travers le pays. Une avancée  pour nos syndicats qui des fois brillaient par leur chicaneries, même pour des questions d’intérêts communs. En tout cas, bien que contestée par certains enseignants, l’initiative qui doit cependant être  menée dans la transparence est à encourager. 

Mais, s’il y a une avancée qui fait l’unanimité, en tout cas dans le milieu des enseignants, c’est la politique d’harmonisation des salaires en cours depuis  2016

Nathan, enseignant  de plus d’une vingtaine d’expérience dans le métier, le reconnaît : « C’est loin d’être suffisant mais en tout cas, l’actuel politique d’ajustement salarial est à saluer. Et l’on espère qu’à son terme, l’enseignant burundais sera apprécié à sa juste valeur ». Pour rappel, cette politique d’harmonisation vise à calculer les écarts salariaux des uns par rapport aux autres sur base des principes de l’Organisation internationale du travail (OIT).    

Avec quelle conséquence ?

Toujours est-il qu’à la suite de cette politique, les grèves qui étaient  monnaie courante dans un passé pas si lointain semblent avoir cessé. Pour de bon ? C’est ce qu’espère l’enseignant Nathan, qui se trouve aussi être un des responsables d’un syndicat des enseignants : « C’est vrai, le rôle du Comité National de Dialogue Social (CNDS) dans l’assainissement du climat social est crucial, mais  il faut reconnaître que le début du processus d’harmonisation est venu apaiser les tensions entre le gouvernement et les enseignants. En tout cas, avant la fin de cette politique, pas certain de revoir des mouvements de grève ».  

Des propos corroborés par Médard, enseignant également : « Le processus d’harmonisation a permis une sorte de calme. Depuis 2016, dire qu’il  y a eu un léger mieux par rapport aux années antérieures, ce ne serait pas exagéré ». Avant de nuancer : « Seulement, avec la dévaluation de notre monnaie et la forte inflation, l’impact dans la vie réelle des enseignants  n’est pas toujours évident. Notre salaire reste donc insuffisant ».

Mais comment ?

Avec l’harmonisation en cours, un enseignant fraîchement entré dans ce métier et qui a une licence touche autour de 300 000Fbu par mois, différentes indemnités incluses. Une somme très modeste car servant à couvrir toutes les dépenses mensuelles afin de joindre les deux bouts du mois. Diomède Ndayizeye, un instituteur qui vit à Kanyosha mais qui enseigne à une école située à plus de 20 km en fait toujours les frais. 

« Pour le déplacement, j’utilise près de 70 000 Fbu par mois. Pour le loyer d’une maison où j’habite avec ma petite famille, je paie à chaque fin du mois 150 000 Fbu. Imaginez-vous alors avec les 80 000 Fbu qui restent le genre de ration alimentaire que l’on peut s’offrir. Sans également mettre de côté certaines obligations sociales, on est contraint de contracter des dettes ici et là. De la boutique du quartier jusqu’aux banques où les découverts sont devenus presque le commun des enseignants », raconte le jeune enseignant. 

Mais face au chômage, les jeunes ne sont pas très regardants. Et au ministre de la Fonction publique d’annoncer la veille de la journée mondiale de l’enseignant que sur 26 814 dossiers enregistrés, au total 2200 enseignants vont être recrutés. De quoi donner le sourire à certains.

 

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