Alors que par le passé, les forêts naturelles couvraient 30 à 50% du territoire burundais, actuellement, elles ne resteraient qu’à environ 6,6% . Une situation alarmante qui n’est pas sans interpeller les pouvoirs publics. Pour pallier ce problème, des politiques et des lois pour la conservation des forêts ont été instituées et des initiatives de reforestation sont en cours. Mais est-ce suffisant ?
L’on peut affirmer sans risque de se tromper que la dégradation des forêts au Burundi est due à des causes diversifiées mais pour la plupart d’origine anthropique. Il s’agit surtout de l’exploitation anarchique des ressources forestières, des feux de brousse répétitifs, des défrichements des forêts à des fins agricoles, du surpâturage et des changements climatiques ainsi qu’une forte dépendance au bois de la population burundaise.
Tentative de régulation
Pour mieux gérer les forêts, il fut mise en place en 2012 une politique forestière dont le but est de fournir les orientations générales permettant d’éclairer et de guider les autorités publiques pour réguler l’usage des espaces boisés, bien gérer les ressources forestières et valoriser tous les produits extraits.
Cette politique vise aussi la pérennisation des ressources forestières existantes et le développement de nouvelles ressources pour assurer les besoins socio-économiques et écologiques des populations présentes et futures.
Qui plus est, en 2016, une loi portant révision du code forestier a été instituée. Elle a pour l’objectif de mettre fin à la réduction du couvert forestier en pratiquant une gestion forestière durable, accroître sensiblement la superficie des forêts protégées, celle des forêts gérées de façon durable et accroître la proportion des produits provenant des forêts en gestion durable.
Et récemment, un projet de reboisement national baptisé « Ewe Burundi urambaye » en vue de restaurer le couvert forestier a vu le jour, cela pour une durée de 7 ans. Matérialisé par le Décret n°100/0142 du 14 septembre 2018, il est géré non pas par le ministère ayant l’environnement dans ses attributions mais par le ministère de la Défense et des Anciens Combattants. Dans le cadre de ce projet, des millions d’arbres ont été et continuent d’être plantés à travers toutes les provinces. Et cela sans parler des initiatives d’acteurs privés intéressés par la protection des forêts à travers le reboisement. Mais cela est-il suffisant ?
Besoin de suivi
À l’image du récent incendie de la forêt amazonienne, les forêts burundaises sont souvent brûlées. Des cas de déboisements sont monnaie courante, plombant par là des initiatives de reforestation. Et ceci malgré l’arsenal juridique en matière de protection des forêts. Dire donc qu’il nous manque la supervision et le suivi serait-il exagérer ?
Car, qu’il y ait des initiatives de reboisement d’envergure nationale, on ne peut que s’en féliciter. Mais pour s’assurer de l’exécution effective et efficace de cette politique forestière nationale (en cours jusqu’en 2025), du code forestier en vigueur ou même de ce projet «Ewe Burundi Urambaye», il importe de mettre en place un système de suivi-évaluation soutenu et rigoureux, ainsi que des sanctions s’il le faut pour s’assurer de la croissance des arbres plantés. Cela vaut aussi pour ces initiatives privées de reboisement. Autrement, ce ne serait que du temps et des moyens perdu pour rien.