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Médicaments alternatifs : le vrai du faux

Ces derniers jours, on observe ici et là des produits industriels qui sont commercialisés et qui auraient des « propriétés exceptionnelles ». Que sont ces produits en réalité ? Qu’en est-il de ce business ?

Forever Living Products, Alliance in Motion Global, Phytoscience…ces noms vous disent peut-être déjà quelque chose. Sinon, peut-être avez-vous déjà entendu des produits commercialisés, la plupart des fois par ces compagnies, et qui auraient des propriétés miracles quant à certaines conditions de santé humaine. D’ailleurs, le mot d’ordre de ces différentes compagnies pourrait se résumer en : « Voulez-vous de l’argent et une bonne santé ? Eh bien la bonne place, c’est chez nous ! », car, disent-ils, ils ont des « produits révolutionnaires » pour la santé tout en « transformant des gens ordinaires en millionnaires extraordinaires » pour reprendre le slogan de l’une de ces compagnies.

Du manque de sommeil à la réduction des signes de vieillissement en passant par différentes maladies : diabète, hypertension et autres maladies cardio-vasculaires, AVC, cancer, jusque même aux maladies dégénératives…tout y passe. Il faut dire que, comme ils sont présentés, ils ne pourraient qu’être exceptionnels. Il y a même un produit qui serait appliqué, tenez-vous bien, « dans plus de 100 maladies ». Leurs noms semblent aussi exceptionnels : C24/7, complete phyto energizer, Restor Lyf, Choleduz, Vida, Burn Slim, MyChoco, Arctic-sea, Ginkgo, Active Pro-B, Vitolize…pour ne citer que ceux-là.

Qu’en est-il en réalité ?

« Everything-In-One (tout en un), voilà à quoi se résumeraient nos produits », me dira I.R., un des agents de l’une des compagnies. Cela pour signifier, dit-il, « qu’un seul produit peut être constitué de plusieurs éléments distincts, rassemblés par une technologie pouvant réduire leur taille et les mettre dans un seul et petit produit pour faciliter une pénétration rapide et facile dans le corps humain ». Il y a par exemple le C24/7 qui est composé de plus de 140 éléments dans une seule capsule. Il ajoute que leurs produits sont 100% naturels sans excipient ajouté.

Aloys Niyongabo ne dit pas le contraire. Ce professeur de biochimie à l’Université du Burundi dit, sans se référer à aucun des produits précités, que « la plupart des produits de telles sortes sont constitués par des extraits de végétaux, des sels minéraux, des polyacides aminés… avec des combinaisons qui sont mélangées par de la haute technologie utilisant la chimie analytique ».

Pour le scientifique, certains de ces produits ne seraient donc pas mauvais pour la santé, car « ils participeraient surtout dans la prévention de certaines maladies grâce à leur action antioxydant qui neutralise les radicaux libres et ainsi renforce l’immunité de l’organisme qui pourra combattre certaines maladies », dit-il avant de nuancer : « Mais ce sont donc des compléments alimentaires et en rien des médicaments ». D’ailleurs à ce propos, un agent d’une des compagnies rappelle que « si une personne souffre d’une maladie quelconque, la prise de ces compléments ne doit en rien influer sur la prise de ses médicaments, qu’il faut qu’elle continue à prendre en même temps avec ces produits ». 

Quid du cadre légal ?

« Nous travaillons en toute légalité », me dira l’agent d’une des compagnies. Pour étayer son propos, il me montre un certificat d’immatriculation fiscale et une note de l’Agence de Promotion des Investissements instituant sa société qui a donc pour objet d’ « importer et de vendre des suppléments nutritionnels ». Il affirme d’ailleurs qu’ils ont une autorisation du ministère de la Santé.

Pourtant, le Dr Jean Bosco Girukwishaka a un autre point de vue. Cet inspecteur chargé des régulations et d’accréditations, également porte-parole du ministère de la Santé, dit que « la plupart de ces entreprises ne disposent pas d’autorisation du ministère. Même celles qui disent en avoir disposent en fait d’une note de reconnaissance et pas d’une autorisation d’ouverture ou d’accréditation. Ce qui est très différent ». Pour lui, « ces entreprises profitent d’une confusion de responsabilité pour ce qui est de ces types de produits et elles le font sciemment en demandant des autorisations au ministère du commerce pour continuer avec leurs business alors que tout ce qui a trait à la santé devrait passer par le ministère de la Santé. Et cela ne facilite pas le contrôle de ces produits », regrette-t-il.

La solution ? « Il y a une loi au niveau de l’Assemblée nationale qui va bientôt instituer une autorité réglementant les médicaments et les aliments pour savoir quel produit sera du ressort du ministère de la Santé, celui du Commerce ou encore celui de l’Agriculture », fait savoir Dr Jean Bosco Girukwishaka.

 

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