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La gestion des déchets : cette épée de Damoclès qui plane sur notre santé

Alors que la collecte et l’évacuation des déchets dans une ville comme Bujumbura qui produit 238 tonnes de déchets par jour est en panne, la grande question est de savoir où vont tous ces déchets. Et à quoi on s’expose.

Il est 15h06’ à Taba, un quartier de la zone Gihosha. C’est sur la Route nationale n°1, à l’endroit communément appelé « Ku Nyabagere ». C’est le nom de la rivière qui traverse ce quartier, dans sa partie nordique. Tout en y attendant un ami, la vue et l’odeur des ordures amassées sur les berges de cette rivière, m’interpellent. De loin, je vois des gens qui y jettent des immondices. De surcroît, des déchets sont amenés par véhicule. Je décide d’aller à leur rencontre. En m’approchant d’eux, je remarque que les déchets des toilettes, en provenance des ménages des environs, se déversent directement dans la rivière. Des larves noirâtres s’émulsionnent de ces ordures. Tout prêt des berges de cette rivière, jonchent des restaurants en bambou et en tôles, sans oublier « les grilleuses » des épis de maïs non loin de là.

En m’entendant parler de menace pour leur santé, tous rient. Pour eux, ce que j’appelle menace est source de vie de tous les jours. Ils fouillent ces déchets et trouvent souvent des choses à vendre. « Mieux vaut mourir de maladie que de de faim » m’expliquent-ils, avant d’ajouter qu’aucun Burundais n’est mort de saleté.

Une menace sanitaire

Pourtant, au-delà du sourire, la mauvaise gestion des déchets est un problème très sérieux. Estimés à 100 000 tonnes par an à Bujumbura, ces déchets, entassés dans des ravins, bloquent le cours normal des eaux de ruissellement et des eaux usées des ménages. Ils font des étangs d’eau, milieux vitaux des moustiques, vecteur de la malaria. Et les conséquences sont fâcheuses. Déjà, de janvier à mai 2019, trois millions de cas de malaria ont été enregistrés. Et dans cette eau souillée de la rivière, des enfants s’y baignent parfois. Bonjour les gastro-entérites et les vers intestinaux, en raison de la prolifération de certains vecteurs des maladies. Un fait que confirme une infirmière, au centre de santé « Amis des jeunes » de Kamenge. Il en est de même pour ceux qui déjeunent dans ces restaurants avec les maladies dites des mains sales dont le choléra, la dysenterie bacillaire et la fièvre typhoïde. Et d’ailleurs, une recrudescence du choléra est entrain de frapper la capitale économique, avec pas moins de 245 cas depuis janvier 2019.

Plus encore d’efforts

À l’horizon 2030, Bujumbura comptera environ 1 000000 d’habitants. Et cela, équivaudra à une production d’environ 475 tonnes de déchets solides par jour. Imaginez ce que sera cette ville si rien ne change. Face à cette réalité, Nkunzimana Jeanne-Francine, Directrice de l’Assainissement et du Contrôle de la qualité d’eau au sein du Ministère de l’environnement indique que la question d’assainissement doit être l’affaire de tout le monde et non seulement de la mairie : « Il faut que toute personne soit consciente que le problème d’assainissement la concerne », insiste-t-elle.

Pour relever le défi, réussir à donner une deuxième vie à ces déchets est une nécessité pour éviter les dépotoirs improvisés. Les ordures ne devraient plus être considérées comme des matériaux sans aucune valeur, mais une ressource à valoriser pour en tirer des bénéfices économiques et sanitaires utiles pour tous. Si cette solution n’est pas initiée par le gouvernement et les entreprises en la matière, c’est la santé des Burundais qui risque d’en payer le prix fort.

 

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