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Burundi : les géants de la télécom vont-ils détrôner les banques ?

Les services de dépôts, retraits ou transferts d’argent et les assurances ne sont plus le commun des banques et sociétés d’assurance. Des géants de la télécom se sont invités dans la danse et s’emparent du gros du butin. Comment en est-on arrivé par-là ? Analyse.

Ils sont trois géants à concurrencer les banques. Ecocash d’Econet, Smart Pesa de Lacell et Lumicash de Viettel. Avec 6,5 millions de Burundais abonnés à une compagnie de téléphonie, ces plateformes sont devenues l’équivalent des routes et des ponts de l’économie traditionnelle. Et les statistiques affichent un bel avenir. En avril 2017 par exemple, d’après une enquête de la BRB, ces compagnies se sont accaparés de 11,37 milliards BIF sur les transactions locales, soit plus de 98 % des transactions numériques totales. En effet, de 2016 à 2018, la valeur des transferts d’argent est passée de 2 437 607 571 BIF à 53 812 781 855 BIF. De quoi inquiéter les banques.

Banque mobile

Avec le nouveau système de compte mobile, le téléphone portable est devenu une banque mobile entre les mains de son utilisateur. Alors que le taux de bancarisation était faible, les géants de la télécom y ont vu une opportunité pour le mobile banking. Ce service a permis aux personnes sans compte bancaire, surtout en milieu rural, de garder leur argent dans des portefeuilles mobiles liés à leurs numéros de téléphone, faisant hausser le taux de bancarisation jusqu’à 21,92 %. Cependant, tout n’est pas rose. « Quelques fois, il y a un manque de liquidité dans certains endroits, au moment du retrait », regrette Prosper, un habitant de la commune Shombo.

En plus, selon un rapport sur l’offre des services financiers, en 2015, les points de services bancaires et microfinances étaient inégalement répartis sur le territoire national. Sur les 678 guichets que comptaient le pays, 10 communes avaient chacun un seul guichet, 82 communes entre 2 et 4 guichets, 18 communes entre 5 et 10 guichets, 6 communes entre 11 et 20 guichets tandis que les 3 communes de la Mairie de Bujumbura avaient plus de 20 guichets bancaires. Un défi dont a su profiter la télécom, vu que leurs points de service sont diversifiés et couvrent l’ensemble du territoire national, même les zones et hameaux reculés du pays.

L’assurance via téléphone

Le débarquement d’EcoSureInkingi a changé la donne. Même la commercialisation de l’assurance via téléphonie n’est plus un mythe. Compréhensible dans un pays où le taux de pénétration des assurances est en chute libre. Ce taux, qui était de 0,88 % en 2013, est passé à 0,75 % en 2017. Soit une diminution de 0,13 %. Pour Jean Paul Roux, consultant international en assurance, l’entrée du télécom dans les assurances est à saluer, car c’est une des stratégies pour atteindre le plus grand nombre de la population.

Il y a tellement d’innovation en matière de télécom qu’une bulle est en train de se créer. Le taux élevé d’alphabétisation, la forte pénétration de la téléphonie mobile et internet aidant, tous les opérateurs de la télécom s’enflamment, et de belles idées émergent. Mais à la fin, la banque va-t-elle disparaître au profit des géants de la télécom ? Les opérateurs classiques d’assurances vont-ils manger ces start-ups ? Il est difficile de dire qui va gagner cette bataille. Wait and see.

 

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