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Médecine au Burundi, la bête noire des filles

Elle a beau être l’une des facultés les plus prisées, la médecine semble pourtant avoir peu d’effets sur la gente féminine. Cette dernière reste en effet très minoritaire dans les amphithéâtres. Voyons déjà pourquoi ce n’est pas le grand amour entre la Burundaise et la médecine.

Dans une enquête du projet Niche/240 sur le genre dans les trois facultés de médecine à savoir l’Université du Burundi, l’Université de Ngozi et l’Université Hope, force a été de constater que dans les trois facultés de médecine au Burundi, la disparité genre est impressionnante avec la différence la plus flagrante à l’Université du Burundi : 79 % d’hommes contre 21 % de femmes.

À la barre des accusés, la durée du cursus, le numerus clausus, les exigences de l’une ou l’autre université, l’accaparement de ce métier qui ne laisse pas assez de temps pour d’autres activités comme par exemple s’occuper de sa maison ou de sa famille. 

Un point commun aux raisons énumérées plus haut : une histoire d’horloge biologique qui tourne, plus vite pour les filles, plus exigeante et empressée. Six ans minimum pour le cursus, c’est long en effet. Mais ces défis ne représentent rien face à la barrière érigée par la société elle-même. 

Un portrait peint de préjugés

« Ces filles qui font la médecine sont irascibles, aigries et hautaines. Si tu fais la médecine, ne fais pas la difficile si un gars te drague, ne dépasse pas la quatrième année sans petit ami ou tu finiras certainement vieille fille ». Tels sont les clichés qui collent aux jeunes lauréates en médecine.

Pour Anita (pseudo), en 4eme année à l’Université du Burundi, l’envie d’être médecin a été plus forte que la peur. Ses amis l’avaient découragée, lui disant qu’elle n’aurait plus le temps de sortir s’amuser, et surtout qu’elle risquait de finir seule.’’Abahungu baratinya abakobwa bize medecine’’. Finalement, elle a décidé de foncer et ne le regrette pas. 

Dr Claudette Ndayikunda, Professeur associé à l’Université du Burundi et Point focal genre à la faculté de médecine de ladite université, reconnaît qu’il est difficile pour les jeunes filles de faire face à ces préjugés. « Il faudrait sensibiliser la communauté, et surtout les parents. Nos filles manquent de modèles à suivre dans notre domaine d’où l’importance des témoignages ». Elle ajoute que l’on devrait aussi initier des mesures incitant ces dernières à faire de longues études.

Il est intéressant de voir qu’on ne critique pas (ou alors peu) l’efficacité ou la capacité des filles à exercer le métier. Ce qui inquiète, c’est sa place dans la société. La médecine risque de lui faire oublier « son devoir de femme », semble-t-on insinuer. Le portrait de la femme médecin est aujourd’hui encore déformé par des préjugés absurdes qu’il serait temps d’enterrer une bonne fois pour toutes.

 

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