Le code de commerce est clair à ce sujet. Mais en faisant un tour à la 3ème édition de la foire exposition-vente « Made in Burundi » qui avait débuté ce 19 juillet 2019 au Cercle hellénique en ville de Bujumbura, je me suis rendu compte que sur les 100 entrepreneurs à avoir répondu présent à cette exhibition, tous (ou presque) sont allés à l’encontre de cette loi.
Comme aux deux dernières éditions, je suis passé pour voir le pas franchi par les entreprises locales. Dans les discours, les entreprises burundaises sont félicitées par les organisateurs et les hautes autorités du pays d’avoir franchi un pas.
Chers entrepreneurs, je suis désolé de vous dire le contraire. Avant de d’expliquer mon point de vue, je me permets de vous montrer les questions qui me hantaient l’esprit chaque vois que je faisais un tour dans cette exposition.
Pourquoi les entreprises burundaises participent-elles dans cette foire ? Est-ce qu’elles comprennent ce qu’est une foire-exposition ? Certains peuvent penser que mes interrogations ne sont peut-être pas pertinentes.
Durant cette exposition vente, j’ai visité tous les stands. J’ai constaté que la majorité des exposants n’ont pas affiché les prix de leurs articles et services. Une question à l’entrée, est-ce que les produits sont gratuits dans ce marché ? Sur 103 entreprises présentes, quatre seulement ont affiché les prix de leurs produits et services. Pour savoir le prix, il faut s’adresser à l’agent commercial et celui-ci doit jeter un coup d’œil sur le tarif.
Cela constitue un signe éloquent prouvant que les entreprises burundaises ne comprennent pas l’objectif de cet évènement surtout qu’elles ont encore beaucoup à apprendre en marketing commercial.
Vous pouvez me contredire arguant que ces entreprises jouissent peut-être du monopole de leurs produits. Elles visent surtout à montrer que leurs produits et services existent.
Là même, elles se sont donné de tâches inutiles. L’agent commercial devant annoncer le prix de chaque article à chaque fois qu’un client se présente, imaginez s’il a plus 20 articles et qu’il reçoit plus de 100 personnes par jour. C’est un travail épuisant.
Par ailleurs, cela montre qu’une grande partie des entreprises burundaises n’évoluent pas. Elles ont gardé les stratégies commerciales archaïques. « Le client saura le prix d’un bien quand il le demande ». Il n’affiche pas une information essentielle aux clients. Sans les prix affichés, ces derniers ne peuvent comparer les prix pour acheter ce qui est moins cher.
Le code du commerce exige l’affichage des prix
Dans son article 4, le code du commerce du 16 janvier 2015 est sans équivoque. «L’affichage des prix, de l’établissement et la remise des factures sont obligatoires ».
Sur base de cet article, tout entrepreneur présent à la foire avait pour obligation légale d’afficher le prix de tout produit exposé par voie d’écriteau ou d’étiquetage.
Ainsi, cet affichage permet d’obtenir son consentement, il y a alors un accord qui est passé sur la chose et sur le prix, ce qui forme le contrat de vente.
Cette loi va plus loin. Le prix des produits doit être mentionné sur le produit lui-même ou à proximité immédiate, visible et lisible par le consommateur. Par ailleurs, le prix doit être accessible immédiatement, sans que le client ait besoin d’en faire la demande. La lecture du prix doit pouvoir être faite soit depuis l’extérieur, soit depuis l’intérieur du local commercial.
Les consommateurs sont les premières victimes. Je me dis que cette loi a été édictée pour protéger les consommateurs. Est-ce que le consommateur burundais peut saisir la justice parce qu’il a été arnaqué sur le prix ? Si le prix n’est pas affiché, l’une de l’information essentielle du marché de concurrence manque. Ce manque de l’information sur les prix démontre qu’il n’y a pas assez de transparence.
À qui la faute ?
Les organisateurs de la foire devraient s’assurer que les exposants respectent la loi burundaise. Je trouve que si les entreprises n’étaient pas au courant de l’existence de cette loi, c’est une bonne occasion au ministre du commerce de les sensibiliser. Malheureusement, ce phénomène vient de se répéter pour la troisième fois.
Je comprends que le ministre pourrait ne pas avoir les inspecteurs qui couvrent tout le territoire pour s’assurer du respect de la loi susmentionnée. Mais, à la foire, ils auraient au minimum appelé à l’ordre les commerçants exposants. Mais certains ont été plutôt primés.
Face à cette situation, je déplore le silence d’Association burundaise des consommateurs toujours présente dans ces foires. À ce que je sache, elle n’a jamais dénoncé cette pratique commerciale illégale qui se fait en plein jour.