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Solidarité locale au Burundi : deux habitudes à bannir

Ce 27 juillet, le Burundi a célébré la 2ème édition de la journée nationale de la solidarité locale. Au-delà de cette solidarité nationale, certaines habitudes quotidiennes témoignent de la détérioration de cette solidarité au sein de la population burundaise. 

C’est une évidence. La solidarité est une valeur traditionnelle du Murundi. Ces temps-ci, elle ne se remarque que quand il y a des coups durs : soit des inondations, à la journée de la solidarité elle-même, quand il y a une famine, une catastrophe, … et là, tout le monde ou presque, est sur le pont. Toutefois, ce sont des personnes qui se mobilisent sur le moment, mais qui, dès que l’événement est passé, reviennent à un comportement un peu plus individualiste. Le chacun pour soi s’impose, et les deux habitudes suivantes en sont témoins.

Le syndrome du spectateur

La devise « je ne m’occupe pas de ce qui ne me regarde pas » gagne du terrain. La solidarité spontanée est en train de s’éteindre. Nous sommes le 27 juillet, le jour de la célébration de la journée nationale de la solidarité locale, en plein centre-ville de Bujumbura. Au parking des bus allant au nord de la capitale économique, une jeune femme se fait voler son sac à main. Sous le regard indifférent des passants, elle court en criant au secours face au voleur qui se faufile entre les passants, mais personne ne bouge son petit doigt pour l’aider à arrêter le voleur. Un cas parmi plusieurs du genre. « J’ai croisé le regard de deux garçons bien costauds qui pouvaient m’aider, mais ils m’ont regardée et semblaient médusés sans rien dire et sans faire attention à mes cris », se plaint la jeune femme. Elle explique que le milieu humain à Bujumbura est devenu froid et incapable de compassion : « Il en est de même la nuit, c’est rare que les voisins se lèvent pour vous porter secours ».

L’hypocrisie burundaise

Même la solidarité sociale est devenue un fiasco. Au lieu de cotiser pour ton épanouissement, les Burundais détournent leurs yeux et leurs fonds. Salomon est un jeune homme qui vient d’obtenir une bourse d’études en Turquie. Au cours de son cursus scolaire, et étant orphelin, aucune parenté dans sa famille élargie n’a levé le petit doigt, ne fut-ce que pour lui acheter un cahier ou un stylo. Il a dû même rater une année pour chercher les frais et matériels scolaires. Mais il a suffi qu’il obtienne cette bourse d’études pour que chacun de la famille élargie le réclame et le chérisse. À l’aéroport, le jour de son départ, toute la famille élargie s’est présentée, savourant les délices d’un enfant qu’ils avaient pourtant renié au moment où il avait le plus besoin d’eux. 

Plusieurs exemples similaires sont légion. Au lieu de cotiser ou payer le traitement médical d’un ami ou d’une parenté, l’habitude des Burundais est de cotiser énormément à son enterrement. Le cas d’Antime Baransakaje est témoin. Quelle ironie ? N’est-il pas temps de se défaire de cette hypocrisie au nom de la solidarité ?

Malgré ces mauvaises habitudes, tout n’est pas noir. Des contre-exemples existent, comme le petit Jonathan, la jeune mannequin Yousla, la dramaturge Marie-Louise Sibazuri, et la célèbre Adrienne Nahimana du feuilleton « Ninde », ont eu la vie sauve grâce à la solidarité de leurs compatriotes.

Les gens devraient savoir qu’au-delà de ce que la solidarité exige, la non-assistance à une personne en danger est sanctionnée par le code pénal burundais, et qu’il est bien plus sensé d’aider quelqu’un lorsqu’il en a le plus besoin, que lorsque tout est fini. C’est à partir de cette solidarité spontanée et sociale que jaillira une véritable solidarité nationale, une solidarité non tachée d’aucune spéculation.

 

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