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Analyse

La diaspora burundaise : une « vache laitière » qui ne produit pas assez ?

Du 22 au 26 juillet 2019, le Burundi organise une semaine dédiée à sa diaspora. Célébrée sous le thème « Diaspora, partenaire important pour la mise en œuvre du Plan National de Développement ». Pourtant, les envois de fonds de cette diaspora sont en dessous de la moyenne des autres pays de l’EAC. Analyse.

Le dernier rapport de la banque mondiale est témoin. Le volume des envois de fonds dans les six pays de l’EAC a augmenté de plus de 60 %, passant de 2,84 milliards USD/an en 2013 à 4,66 milliards USD en 2018. Malgré cette hausse, le cas de la diaspora burundaise reste isolé. Alors que le Kenya a reçu 10,74 milliards USD, l’Ouganda 6,28 milliards USD, le Soudan du Sud 2,85 milliards USD, la Tanzanie 2,39 milliards USD et le Rwanda 1,13 milliard USD, le Burundi est le dernier de la liste avec 257 millions USD.

En effet, d’après la même source, le montant envoyé par un Burundais est en dessous de la moyenne des autres pays de l’EAC. En 2016, un Burundais a envoyé en moyenne 140 USD contre 1 448 USD pour un Tanzanien et 1 593 USD pour un Kényan.

Une manne négligée

Alors que les entrées d’investissements directs étrangers ont diminué de 25,3 % dans l’EAC, passant de 8,8 milliards USD en 2016 à 6,6 milliards USD en 2017, ces envois de fonds de la diaspora sont devenus la principale source de financement extérieur et une réponse à la pénurie des devises.

Malgré cela, le Burundi n’est pas parvenu à faire participer avec succès sa diaspora, aux efforts de développement national. La consommation des ménages semble toujours être la première modalité d’utilisation de ces fonds. Ainsi, cette source de financement n’entre donc pas dans le cadre d’investissements productifs tels que la création d’entreprises, la construction des barrages et autres infrastructures, et ne contribue guère à la création de richesses. Il y a donc lieu de se demander ce qui manque.

L’épine du pied

Un cadre du ministère des relations extérieures nous explique. Primo, le handicap réside dans le fait qu’aucune donnée officielle n’existe sur le nombre de Burundais établis à l’étranger. Secundo, cette diaspora est divisée sur le sujet de sa représentation et sur les questions de développement du pays. Tertio, les montants de ces envois de fonds ne sont pas estimés à sa juste valeur, à cause des transferts informels. Un fait que confirme le président de la diaspora burundaise. « Le montant total annuel de ces envois de fonds au Burundi est de loin supérieur aux 50 millions USD qu’a estimé la banque mondiale en 2016, à cause de l’existence de nombreux circuits informels ou non réglementés qu’empruntent ces fonds », explique le président de la diaspora.

Quarto, les transferts d’argent vers le Burundi coûtent très cher. « Alors qu’à l’échelle mondiale le coût moyen du transfert de 200 USD est de 7,45 %, il est de 9,8 % en Afrique subsaharienne », se plaint Patrice Ndimubandi, un Burundais résidant en Autriche.

Que faire ?

Plutôt que d’entretenir le maintien d’une économie de subsistance, voire de la débrouille, transformer ces transferts de fonds en capitaux structurés pour le secteur de développement productif est une nécessité. Cela permettra de dynamiser la création de richesses et d’emplois. Pour y arriver, cela passera par le renforcement de la confiance entre le gouvernement et l’ensemble de la diaspora, en renforçant le dialogue politique et institutionnel, l’amélioration de l’offre des services diplomatiques et consulaires et l’implication direct de la diaspora dans la planification et la mise en œuvre des politiques de développement.

Le volume des transferts de ces fonds devrait être mieux connu pour diminuer la pénurie des devises, et son transfert facilité par des start-ups de la finance locale, pour diminuer les énormes commissions actuelles sur les transactions.

 

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