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Paludisme au Burundi : ennemi invincible ?

Après l’épidémie de 2017, la recrudescence du paludisme refait encore surface au Burundi. Malgré les efforts de distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticides, des pulvérisations intra domiciliaires et la gratuité de certains antipaludéens, il y a lieu de se questionner. À quoi est due encore cette recrudescence ? Comment relever ce défi ?

La recrudescence est réelle. Selon le rapport du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, plus de deux millions de cas ont été enregistrés de janvier à avril 2019. En mai, ils étaient à trois millions. Soit, plus de 25 % de la population. Sur les 46 districts sanitaires que compte le pays, 17 districts sont dans le seuil épidémique. Comparativement à la même période en 2018, il y a une augmentation de 50 % de cas. Une nouvelle épidémie pour certains. 

Pour le ministère de la santé, il n’est pas encore temps de le déclarer comme épidémie. Le Burundi étant situé dans la zone de prédilection du paludisme, plusieurs facteurs ont contribué à l’ampleur actuelle. Selon le ministre de la santé, il y a eu cette année une grande pluviosité et une extension de la riziculture, provoquant ainsi des conditions environnementales favorables au développement des moustiques.

Pneu de secours

Comme riposte, des cliniques mobiles. Nous sommes à la colline Nyamabere de la commune Mpanda. Comme il y a pas mal de cas qui n’arrivent pas au centre de santé, la sensibilisation est assurée par les élus locaux et les agents de santé communautaire. À chaque arrêt de la clinique mobile, les prestataires rappellent aux gens les symptômes du paludisme, ainsi que les mesures de prévention. Après, une longue chaîne de personnes sont enregistrées, consultées puis ceux qui sont malades reçoivent gratuitement les antipaludéens. 

L’objectif étant d’appuyer le diagnostic et le traitement dans les villages, le résultat national est palpable. À la 22ème semaine de l’année, 282 993 cas ont été dépistés et mis sous traitement. À la 23ème semaine, seuls 198 163 cas ont été diagnostiqués, soit une diminution de 53 %. 

La recrudescence au-delà des conditions environnementales

Dr Eddy est jeune médecin à l’intérieur du pays. Pour lui, il attache cette recrudescence au niveau de pauvreté de la population. « Avec un taux de pauvreté estimé à 74,7 %, la population n’est plus capable de se faire soigner, alors que le diagnostic par la GE, les frais de consultation, le traitement adjuvent ne sont  pas gratuits, de même que la prise en charge du paludisme grave comme les frais de transfert, la quinine, la transfusion, frais d’hospitalisation,…reste payante », explique-t-il.

Pour Dr Eliane, l’ignorance ou la négligence en ce qui concerne l’usage des moustiquaires retrouvées dans la pêche ou servant comme enclos dans l’élevage des poules, fait aussi partie des causes de la recrudescence. Elle interpelle aussi sur l’augmentation du taux de malnutrition dans le pays qui réduit l’immunité du corps à se défendre contre les maladies.

Un défi à relever

Lors de la récente journée mondiale de lutte contre le paludisme, le thème retenu était « Zéro paludisme, je m’engage ». Pour y arriver, le gouvernement burundais doit tout faire pour hausser le niveau de vie de la population et la sensibiliser sérieusement sur les mesures de prévention. 

De ces 45 millions d’euros qui viennent d’être débloqués pour soutenir le secteur de la santé, le gouvernement devrait amorcer les actions de distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticides, rendre gratuite la prise en charge du paludisme, soutenir le nouveau centre de traitement de cette plante artemisia qui a démontré son efficacité dans la prévention du paludisme et faire des études sur la probable résistance des vecteurs aux insecticides, et/ou des parasites aux médicaments antipaludéens.

 

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