Chaque année, le 26 juin, le monde célèbre la journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic des drogues. Malgré les efforts de l’État via le ministère de la sécurité, le trafic de drogue continue à faire des émules et la demande grandit exponentiellement.
À Bujumbura comme à l’intérieur du pays, la prise des drogues et le trafic de ces dernières ne sont pas à nier. Il est évident que ces drogues font des ravages surtout chez les jeunes. « Boost », un dérivé de l’héroïne, serait la plus en vogue et circule sur le territoire du pays caché sous plusieurs formes.
Les autorités administratives et la police nationale qui contrôlent la circulation dans les espaces aériens ont déjà fait un pas-de-géant dans la lutte contre les drogues. Avec le contrôle électronique de la voie aérienne, on se rappellera ces arrestations des trafiquants des drogues qu’on fait souvent au niveau de l’aéroport international de Bujumbura. Cependant, le chemin est encore long, car les deux voies (maritimes et terrestres) qui restent sont encore mal contrôlées surtout vers les frontières terrestres et maritimes qui facilitent la circulation.
Un trafic bien rodé
Selon le BAPUD (Association des Anciens usagers de la drogue), le Burundi devient de plus en plus une plaque tournante des trafiquants de ces drogues. L’approvisionnement en drogue au Burundi en grande partie suivrait le corridor nord, appelé la corne de l’Afrique. « La plus grande quantité d’héroïne dans le monde est en Afghanistan. Passant par l’Océan Indien, elle arrive sur la côte de l’Afrique de l’Est via le port de Mombassa et en Somalie. De là, les drogues sont convoyées vers les frontières non protégées des pays membres de cette communauté de l’Afrique de l’Est », fait savoir Éric Nsengiyumva chargé de la communication et relation publique de la BAPUD.
Il poursuit : « Sur le sol burundais, les différentes drogues qui y débarquent, surtout le boost, sont destinées à la consommation locale et le transit vers l’Afrique centrale en grande partie vers la RDC », avant d’ajouter : « Ces drogues passent par le Burundi car les frontières terrestres sont moins contrôlées que l’aéroport de Bujumbura. Les trafiquants préfèrent ce passage du Burundi car la police burundaise n’utilise pas les appareils électroniques pour traquer ses drogues cachées sous plusieurs formes. »
Selon Éric Nsengiyumva, les trafiquants ont développé des techniques sophistiquées. Ils peuvent déguiser le produit en médicaments ou le cacher dans des batteries d’ordinateurs, des lavabos, des semelles de chaussures, etc. « N’ayant pas encore de police scientifique bien formée capable de fouiller et identifier toute forme de drogues sur toutes les frontières du pays, cela facilite la circulation routière de ces drogues sur le sol burundais », regrette-t-il.
Comment combattre alors ce fléau ?
Selon Richard Nininahazwe, coordinateur national de la BAPUD, faire une approche holistique envers les usagers des drogues serait la meilleure façon de lutter contre ces dernières, c’est-à-dire faire une réduction zéro. « Ceux qui sont en train de consommer aujourd’hui, s’ils bénéficient des services tels que listés par l’Organisation Mondiale de la Santé en commençant par le traitement par la substitution, ils pourront être réhabilités et aussi prévenir ceux qui ne l’ont pas encore fait », estime-t-il.
Le gouvernement du Burundi devrait aussi s’y impliquer sérieusement en faisant une très large sensibilisation. Une grande partie de la population n’est pas au courant des méfaits de l’usage de ces drogues et beaucoup de pauvres hères, surtout des jeunes, continueront à périr si rien n’est fait.