Autrefois belle et séduisante, Bujumbura fait peine à voir à certains endroits, engloutie sous des montagnes d’immondices, des routes en piteux état et des nuits sombres à faire fuir.
Autrefois, circuler dans la ville de Bujumbura procurait un sentiment de fierté et de bonheur. À une certaine époque, dans les années 1980, Bujumbura était belle mais aussi propre, selon les témoignages de nos aînés. À cette époque, la nuit tombée, presque toutes les principales routes de Bujumbura étaient éclairées. La ville était belle la nuit comme le jour qu’on eût cru être dans un petit paradis sur terre.
Gahungu résidant actuellement au Québec et qui habitait Bwiza à cette époque se livre : « Je me rappelle que je pouvais quitter à pied le centre-ville vers Bwiza, mon quartier de l’époque à 2h du matin. Tellement il y avait des réverbères que tu ne te rendais même pas compte de l’heure réelle qu’il faisait. Chez nous à Bwiza, il y en avait, comme d’ailleurs à Nyakabiga ou à Buyenzi ». Et de poursuivre : « La route alors que j’adorais le plus, c’était celle menant à l’aéroport. Elle était très éclairée la nuit sur toute son étendue. Quelques fois, mon oncle étant rentré du travail, nous amenait faire un tour à l’aéroport à bord de sa Carina, mes grands frères et moi. À notre retour, comme il faisait déjà nuit, je pouvais enfin contempler la beauté de cette route. C’était franchement éblouissant ».
Pourquoi Bujumbura n’est plus attrayante ?
Certes, le pays a connu des péripéties qui l’ont secoué à maintes fois. Ceci a été sans doute un frein à son développement en général. Mais à l’heure actuelle où en est-on avec Bujumbura ? Pourquoi est-ce qu’au lieu de progresser cette ville continue à aller decrescendo?
Est-ce un reflet de la crise politico-sociale qui gangrène le pays depuis bientôt quatre ans ? Ou alors si on suppose que tout va bien dans le pays, pourquoi ce manque de réhabilitation et d’innovation dans la capitale économique? Un manque d’investisseurs ?
Comment voulons-nous que les investisseurs viennent investir dans notre pays alors que sa devanture manque d’attractivité ? Si quelqu’un pense qu’un investisseur débarque dans un pays pour n’y faire que du business seulement et bien il se trompe. Avant de courtiser une fille, on est d’abord attiré par son apparence. Tout investisseur a besoin de s’installer dans une ville propre et belle, sans des montagnes de saletés à tout bord de route. Une ville avec de belles routes bien éclairées la nuit, une ville qui rassure.
Chères autorités concernées, secouez-vous !
Honorable Maire de la ville, est-ce que mettre en place une loi qui garantit la propreté absolue de Bujumbura et la faire passer devant l’Assemblée nationale est difficile pour vous ?
Faire avancer des projets pour la réhabilitation en urgence des routes en piteux état de la ville est difficile aussi ? Ou alors, Monsieur le Maire, vous ne parvenez pas à convaincre ? Pourquoi quand il y a mise en place des réverbères, il y a des suites fâcheuses à ces derniers ? Soit ils sont volés, alors qu’il y a une police nationale ? Est-elle seulement intransigeante avec les pièces d’identité ? Et ces pannes jamais réparées ou ces réverbères cognés par des véhicules qui restent couchés au bord de la route indéfiniment ?
Notre responsabilité à tous
Mais les autorités ne devraient pas être les seules à se préoccuper de la salubrité de notre ville. Les citadins doivent changer de comportement. Balancer des détritus sur les bords des routes, se soulager à chaque coin de rue sont par exemple des habitudes à bannir. Il est temps de multiplier des actions citoyennes pour redorer le blason de notre ville. Si certains plantent des arbres, ramassons les déchets plastiques.
La beauté de la ville nous concerne tous. En marchant dans Bujumbura, je me dis qu’il est grand temps de rendre sa grandeur à la première ville du pays.