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« 5 ans après, j’attends toujours mon diplôme… »

Le 7 octobre 2011, l’ordonnance ministérielle n°610/2240 du 7/10/2011 portant conditions d’accès à l’enseignement supérieur privé pour l’année académique 2011-2012 a été mise en place. Cette ordonnance a été mal interprétée selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Bénigne, une des nombreuses victimes, témoigne sous la plume de la blogueuse Ange Briella Muco.

Il y a à peu près 8 ans, je me suis inscrite à l’université. À cette époque, l’ordonnance ministérielle ci-haut citée autorisait les universités privés d’accueillir les lauréats qui avaient eu au moins 30 % à l’examen d’État. J’ai suivi tout le cursus universitaire et j’ai réussi les 3 années de Baccalauréat avec succès.

Après la formation académique, j’ai fait un stage académique de 2 mois, qui a été couronné par un travail de fin d’études défendu publiquement, au lieu d’un rapport de stage comme les autres le faisaient. Cette démarche a été scrupuleusement respectée suite à une décision de l’Université des Grands Lacs que je fréquentais, soi-disant pour faire exception et nous distinguer des autres universités.

La surprise

À la fin de tout ce parcours, le jour d’aller cueillir le fruit de tous mes efforts, je m’attendais à recevoir mon diplôme. Et puis surprise, je n’avais plus le droit de l’avoir, parce que je n’ai pas eu 50 % à l’examen d’État.  

Pourtant, on avait espéré avec cette ordonnance ministérielle n°610/2240 du 7/10/2011. Son article 3 montre les deux conditions d’accès à l’enseignement supérieur (la possession d’un diplôme des humanités générales, pédagogique ou technique et avoir au moins 30 % à l’examen d’État) et l’article 4 montre que les conditions prévues à l’article 3 conduisent aux diplômes de licence, master, ingéniorat ou  doctorat de 2ème cycle à finalité professionnelle uniquement. On pensait que ce n’étaient que des malentendus. Des réclamations au ministère et à l’université ont rythmé nos jours. Des années ont passé et on a commencé à perdre l’espoir petit à petit. Pourtant, dans les mêmes conditions, ceux qui ont défendu leur travail avant moi ont eu leurs diplômes.

Le jour où tout a basculé

Le 14 mai 2019, une réunion s’est tenue à l’université pour discuter sur la mise en pratique de l’ordonnance ministérielle n° 610/753 du 18 avril 2019. Le ministre a fait savoir aux étudiants n’ayant pas eu 50% à l’examen d’État et qui ont commencé le système LMD, dit BMD aujourd’hui, avant l’entrée en vigueur de la loi de 2011, et ceux qui ont été rattrapés par le nouveau système alors qu’ils étaient dans l’ancien système, qu’ils ont droit aux diplômes de l’ancien système : c’est-à-dire une licence. Mais la condition sine qua non est de faire une formation complémentaire dans la filière concernée avec rédaction et défense d’un mémoire de fin d’études devant un jury.

C’est ce jour-là que j’ai compris qu’après toutes ces années, je n’ai rien accompli. Je viens de passer 5 ans à espérer qu’un jour j’aurais droit à mon diplôme et non seulement je dois retourner à l’université, mais aussi, mon travail de fin d’étude ne sera pas considéré, sauf si je décide de l’améliorer.  

Ceux qui ont pris cette mesure devraient savoir que cinq ans après, il est impossible que tous les concernés soient capable de faire cette formation. Il y a ceux qui ont quitté le pays et ceux qui travaillent à l’intérieur du pays. À cela s’ajoute la difficulté de payer le minerval, vu qu’il y a ceux qui demandaient une contribution aux membres de la famille ou à d’autres personnes qui pensent avoir déjà accompli leur devoir. De surcroît, toutes ces personnes pensent que tout est fini puisqu’ils ont même assisté à la soutenance publique du travail de fin d’études.

 

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