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Pourquoi j’ai vendu mon smartphone

… ou la face cachée des réseaux sociaux.

2009, l’année où je découvre Facebook, je crée mon compte, poste ma première photo que j’ai prise à la hâte. Au début, c’était une façon d’entrer en contact avec mes proches qui étaient loin. Pour la première fois, je retrouvais mes vieux amis de l’école primaire que je n’avais pas revus depuis presque une décennie. À cette époque, c’est tout ce qui comptait pour moi, retrouver mes vieux amis.

Avec le temps, je commençais à checker parmi les amis de mes amis pour voir qui pourrait être intéressant dans le sens où je pouvais voir ce qu’ils aiment comme musique, comme films, comme livres… C’était l’outil parfait pour entrer en connexion avec qui on voulait, une chance de découvrir le monde à travers un écran, puis grâce à Apple, Samsung et quelques autres marques de téléphones portables, on n’avait plus besoin de se connecter à un ordinateur. Voilà où les choses ont commencé à se compliquer pour moi.

Après, c’était la découverte de Twitter, que je n’ai jamais utilisé d’ailleurs puisqu’on peut partager ce qu’on pense sur Facebook, puis il y a eu Instagram auquel j’ai accroché direct. Après, c’était au tour de whatsapp, l’incontournable appli qui nous permet d’appeler n’importe qui, n’importe où, presque gratuitement. Et comme si elles s’étaient donné le mot d’ordre, toutes ces plateformes ont introduit la fonctionnalité des statuts. J’ai alors commencé à goûter à l’addiction.

À force de paraître, je n’étais plus

Les réseaux sociaux sont devenus petit à petit des endroits où les personnes étalent leurs egos, des murs de gratifications. Sans m’en rendre compte, les réseaux sociaux me poussaient constamment à prouver que tout allait très bien dans ma vie. Même quand ça n’allait pas, je m’arrangeais pour poster une photo avec le plus grand, le plus beau de mes sourires. À force de vouloir paraître, je n’étais plus. Au lieu de profiter des moments agréables que je passais, je cherchais en permanence de quoi partager sur mon mur et malheur si je n’avais pas assez de like pour une photo partagée. C’était le monde autour de moi qui s’écroulait.

Après un temps, je développai trois pathologies psychologiques : j’étais devenu un harceleur des réseaux, toujours à épier la vie des autres en la comparant à la mienne, une pulsion malsaine à vouloir partager tout ce que je faisais et enfin une addiction aux likes et aux commentaires. C’est ainsi que j’ai commencé à faire des recherches sur des gens qui avaient les mêmes symptômes pathologiques que moi.

La face cachée des réseaux sociaux

« Dieu seul sait ce que cela fait aux cerveaux de nos enfants », a lâché Sean Parker l’ancien président de Facebook pendant une interview avec le célèbre site d’information américain Axios sur les dangers des réseaux sociaux et comment ils exploitent les vulnérabilités humaines. Dans la même interview, il dira aussi que la pierre angulaire sur laquelle Facebook a été conçu et d’autres réseaux sociaux passe par cette question : « Comment absorber le plus de votre temps et votre attention consciente ? Pour réussir cela, poursuit-il, on avait besoin de vous donner de petites doses de dopamine en quelque sorte.»

La dopamine est une substance chimique produite par notre cerveau pour donner le sentiment de joie ou d’euphorie. Pour faire plus simple, c’est la sensation que vous éprouvez quand vous avez des notifications à l’ouverture de votre application Facebook ou autres applications sociales. Pour rappel, l’idée des concepteurs de ces réseaux sociaux est que nous y passions le plus de temps ; pour y arriver, ils ont crée un cercle vicieux, plus on poste plus on a des likes et plus on est heureux car on se sent admiré. Et les algorithmes font le reste, en te suggérant du contenu selon tes préférences. Le cercle vicieux par excellence.

J’avais la sensation d’être enchaîné, privé de mon libre-arbitre car je ne faisais plus la différence entre ce que j’aimais vraiment et ce qu’on m’avait suggéré d’aimer pendant ces heures que je passais devant un écran. Il était devenu inévitable de me débarrasser de mon smartphone pour me libérer. Et je l’ai cédé pour une modique somme.

Les premières semaines sans téléphone furent très difficiles, mais avec le recul, je reprenais goût à faire autre chose quand je m’ennuyais. J’ai perdu le réflexe d’allumer mon smartphone juste après mon réveil, vu que je n’en ai plus. Aujourd’hui, je me suis mis à utiliser les réseaux sociaux avec modération via un ordinateur, au moins celui-là, je ne vais pas le traîner partout où je vais. Et je suis libre.

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