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Des millions de trop pour les communes ?

L’aide au développement communal est majorée de 70 millions de Fbu dans le projet de loi des Finances 2019/2020. L’article 30 de ce projet de loi est sans équivoque. L’allocation portée est de 570 millions de Fbu et les fonds engagés seront directement transférés sur les comptes des communes. Des sommes astronomiques qui dépassent de loin les capacités d’absorption des communes.

Selon le même projet de loi, le décaissement de ces fonds se fera  progressivement en fonction de la capacité d’absorption et après justification des décaissements antérieurs pour chaque commune. Avec cette majoration et sur les 119 communes, l’impact global sera de 67,8 milliards de Fbu.  

Pour rappel en 2015, l’allocation était de 500 millions par an pour chaque commune. Un plan communal de développement communautaire (PCDC) bien élaboré par les communes était à la base du financement. Le Fonds national d’investissement Communal (FONIC) se charge du suivi et du financement des projets.

Le revers de la médaille

Dans une réunion tenue à Muyinga au cours du mois dernier, le secrétaire permanent au ministère en charge de la décentralisation a fait savoir que les communes absorbent à hauteur de 40% du montant alloué. Pour les financiers et les planificateurs, c’est un manquement.

Dès le départ, les projets se concentraient souvent sur la construction des infrastructures. L’exécution s’est révélée difficile où des « imposteurs » se sont accaparés des marchés par le truchement des responsables à tous les niveaux. Des chantiers non ou mal achevés sont légion. Des mesures ont été prises, mais les effets tardent à se produire.

Le 23 mai dernier, le président de la Cour des Comptes, Elysée Ndaye, devant les sénateurs, a indiqué sans ambages qu’aucune commune n’a produit de rapport depuis 2015. Il ignore par ailleurs si les 500 millions au départ alloués ont bel bien été déposés sur leurs comptes. Ou encore si les montants reçus ont été utilisés correctement.

Des sommes qui aiguisent les appétits

Qui tire son épingle du jeu ? Le FONIC reste le mal aimé des communes. Supposé être un partenaire technique et financier dans l’exécution des PCDC, les entités communales l’accusent de ne pas jouer son rôle. Au même moment, c’est le FONIC qui va se plaindre jusqu’auprès de l’Ombudsman.

En réalité, ce fonds est devenu une coquille vide. Le ministère de l’Intérieur et celui des Finances ont le quasi-monopole du contrôle et la gestion des fonds. Et cela au nom de la gestion saine des fonds publics. Un argument qui ne vaut pas la peine d’être contredit.

Le projet de loi des Finances en vue prévoit des secteurs prioritaires pour absorber ces millions. Cet appui sera orienté principalement dans le secteur de l’agriculture au bénéfice de la population. Même si le numéro 1 burundais avait pointé du doigt les communes qui mettent en avant la construction des bureaux au lieu de l’intérêt immédiat de la population, les communes seront-elles à mesure de relever le défi ?

Une promesse mal-en-point

Pourquoi augmenter l’aide aux communes alors que leur incapacité a été prouvée ? À travers le projet de loi ci-haut mentionné, on peut remarquer des doublons si on s’intéresse à la rubrique par exemple de subventions des engrais par l’Etat pour un montant de 10 milliards de Fbu.

Allouer un tel montant aux communes en 2015, c’était un signe politique fort de souveraineté financière face au désengagement des partenaires financiers. Mais le jeu n’en valait pas la chandelle face à un budget de l’Etat toujours déficitaire ainsi qu’aux grands efforts consentis pour financer notamment les élections de 2020.

En somme, rien n’étonne qu’il y ait des problèmes quant à la gestion de ces aides. Cependant, on ne peut remettre en question cette décision salvatrice pour les communes, bien que les mesures de décaissement, si les fonds sont disponibles, doivent être renforcées. Aux communes d’avoir un savoir-faire pour présenter et exécuter correctement les projets soumis au financement.

 

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