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Tricherie dans les universités : l’omerta doit être brisée

La tricherie est un caillou dans la chaussure de l’éducation. Présente sous différentes formes, nos universités n’en sont point épargnées. Un étudiant, Jean (pseudo), nous en parle sans ambages.

Quand je faisais l’école secondaire, je pensais que la tricherie était l’apanage des élèves paresseux, bêtes et impolis. Arrivé à la fac, la désillusion me frappa de plein fouet, lorsqu’un étudiant m’affirma sans honte : Muri Kaminuza utimenye ntiwohava! François de La Rochefoucauld a peut-être raison : « Il n’appartient qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts…”  La tricherie est donc là, dans sa grande diversité.

« Tricherie », c’est dur comme mot. Alors, pour en masquer l’âpreté, on la déguise sous moult vocables argotiques, des termes mignons qui en disent long : Kunobera, Gupanga akarere, kwicara neza, vascularisation, collabo, se connecter,… et bien d’autres.

Le smartphone embellit la triche

Un étudiant est avant tout un adulte. Donc considéré comme responsable, quelqu’un digne de confiance. Ce n’est pas un écolier qu’on surveille comme le lait sur le feu. Ceux qui abusent de cette confiance ne manquent pas à l’appel. Un smartphone facilite l’apprentissage. Ça, c’est indéniable. Des esprits malintentionnés se sont accaparés de cet appareil, ils en ont fait une arme redoutable à la triche.

S’il y a une chose inconcevable, c’est fouiller un étudiant de fond en comble avant la passation d’une épreuve. Facilement dissimulables, ces smartphones se retrouvent dans la salle de passation. Des téméraires s’installent alors avec leurs cellulaires intelligents. Plus intelligents que leurs usagers peut-être, car ils retiennent tous les cours, des photos de pages stratégiques. Hmm! Ou aussi parce qu’ils peuvent être sur Google en un simple saut de puce. Ces matos facilitent la tâche aux tricheurs.

La lutte anti-triche inefficace

Ne dit-on pas que l’occasion fait le larron ? Les conditions de passation d’examens prédisposent les étudiants à la triche. L’exiguïté des salles et l’effectif élevé des étudiants sont parfois des facteurs qui ne facilitent pas la surveillance. À la passation d’épreuves, des étudiants peuvent n’être séparés que par quelques centimètres. Ces facteurs s’amalgament avec le contrôle quasi-inexistant. On ne vérifie pas si l’examen est fait par celui qui doit le faire. Un étudiant peut faire un examen à la place d’un autre. Toutes ces conditions rendent la lutte anti-triche inefficace.

Pourtant, sur la tricherie, dans nos règlements, les lois sont claires. Face à ces dernières, des impavides ne manquent point. Mais la question est là : qu’adviendra un étudiant-tricheur?  Futur enseignant? Futur médecin ? Futur ingénieur ? Le pire est à craindre pour son avenir professionnel. Malheureusement, face à ce challenge, c’est la politique de l’autruche qui est menée. Mais l’omerta doit être brisée, des mesures drastiques sont à prendre pour endiguer ce problème.

 

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