Le 28 mai de chaque année, est célébrée la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Au Burundi, les dépenses liées aux règles menstruelles sont souvent minimisées. Quel en est le coût global dans la vie d’une femme burundaise ? Coup de projecteur
En plus d’être souvent peu agréable à vivre, les règles menstruelles ont un prix. Un coût réel. Serviettes hygiéniques par-ci, antidouleur par-là,…l’addition grimpe. Un tour dans les boutiques et pharmacies de Bujumbura nous donne une idée. Un paquet de serviettes hygiéniques coûte 2000 Fbu. Une plaquette des antidouleurs « Ibuprofen » 1000 Fbu. Se lavant en moyenne 3 fois/jour et lavant souvent les slips, un savon pour 1000 Fbu. Afin d’éviter tout risque d’indisposer son entourage, un petit déodorant de 3000 Fbu pour les nantis. À cause des fuites, un sous-vêtement neuf doit être racheté à 2500 Fbu. A cause de la douleur, difficile de manger le premier jour sauf grignoter un biscuit, Fanta, …pour une somme d’environ 2500 Fbu.
Le total devient 12 000 Fbu/mois. Une sacrée somme, n’est-ce pas ? Étant donné qu’une femme voit ses règles environ 450 fois dans sa vie, le calcul à l’échelle d’une vie donne une somme de 5.400 000 Fbu. Une petite fortune. Et il peut être encore plus élevé en cas de règles abondantes ou qui durent plus d’une semaine.
Précarité menstruelle
12 000 Fbu/mois, pour certains, cela peut paraître peu. Mais pour plus de 75 %, il est souvent impossible de trouver cette somme tous les mois. Les plus précaires sont obligées de s’en passer. Avoir ses règles dignement, devient un investissement qu’elles ne peuvent se permettre. C’est le cas de Jeanine, 26 ans. Étudiante à l’université du Burundi, elle a pour unique ressource son prêt-bourse. « Quand chaque franc compte, avoir ses règles n’est plus seulement une rengaine mensuelle un peu pénible, mais devient un luxe pour lequel il est difficile de s’équiper et une vraie galère », dit-elle, le regard dans le vide. Un coût auquel beaucoup de femmes et filles burundaises ont du mal à faire face, dans un pays où le revenu moyen est de 0,8$/jour. D’autres se le permettent, mais rognent sur un autre budget comme celui de la nourriture.
Que faire ?
Le pays devrait jeter un regard sur ce phénomène resté dans l’angle mort des politiques publiques. Les serviettes hygiéniques ne devraient pas être un produit de luxe, mais de première nécessité. Or, ce n’est pas le cas au Burundi où elles sont taxées à 18 %. D’abord, cette taxe devrait être baissée voir annulé. Ensuite, les serviettes hygiéniques devraient être remboursées par la mutuelle ou distribuées gratuitement comme les préservatifs ou les moustiquaires. En attendant, les filles et femmes burundaises devraient opter pour des alternatives moins onéreuses telles que la coupe menstruelle qui se conserve des années ou des serviettes lavables et réutilisables comme la serviette « agateka » made in Burundi.
Même si le combat pour la gratuité des protections hygiéniques paraît un peu extrême, manquer ces produits ou ne pas en changer assez souvent, génère de lourdes conséquences tant scolaires, infectieuses et psychologiques.