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Trois raisons qui poussent les victimes de viol à ne pas dénoncer leurs bourreaux

De janvier à mars 2019, 310 viols ont été rapportés au Burundi. Des chiffres bien en deçà de la réalité si on s’en tient à l’omerta qui entoure le viol dans notre société. Quelles sont les raisons qui poussent les victimes de cette infamie à rester silencieuses ? Voici quelques-unes.

Le sexe est tabou

Déjà avec consentement, le sexe est un sujet tabou dans notre communauté. Aucun Burundais ne peut parler ouvertement de sexe sans toutefois se faire traiter d’impudent. D’ailleurs, même entre deux personnes intimement liées, c’est difficile d’entamer ce sujet. Imaginez la victime qui doit avouer ou confesser qu’après s’être battue de toute ses forces, elle a fini par avoir des rapports sexuels par force. Chose facile ? Du tout.

Les accusations

Dans une société où la fille est appelée à être toujours sur ses gardes, les accusations fusent lorsque la victime raconte sa tragique histoire. Tu étais où ? Pourquoi à cette heure ? Tu étais habillée comment ? Pourquoi étiez-vous à deux? Un interrogatoire qui accuse, culpabilise la victime, lui signifiant qu’elle aurait pu empêcher/ éviter ce tourment.

L’incompréhension

Tu as été violée ? Ce n’est pas facile à appréhender dans notre société. La première personne à qui tu vas te confier ne va pas te croire. Non, le viol ? Cela n’arrive qu’aux autres…pas toi! Au lieu de t’écouter et de compatir, elle va être bouleversée d’abord pour se faire des hypothèses après. Aussi proche qu’elle soit, des insinuations ne manqueront pas : elle est enceinte et veut prouver son innocence par un montage ? Est-ce qu’un seul homme peut la violer ? D’ailleurs, ils étaient amis. Ce n’est qu’un acte consensuel, elle veut me prendre pour une idiote. *Papa Fleury ne peut pas faire ça, c’est un homme qu’on respecte dans la société, il ne peut pas le faire. C’est sûrement elle qui l’a provoqué.

Eh  bien, bravo si tu as la chance d’avoir des amies/ parents « civilisés » Ils vont faire semblant de te croire mais ils ne manqueront pas de douter de toi. Mais eux au moins ils ne vont pas évoquer ces doutes à haute voix pour faire saigner davantage ta blessure.

Et puis s’invite la discrimination. Désormais, la victime ne s’appellera plus Nadia, mais la fille violée.  

Mais faut-il vraiment laisser place à la peur et laisser les auteurs de viol dans l’impunité? Les victimes de viol ne dénoncent pas leurs bourreaux à cause de la société dans laquelle elles vivent. C’est à toi et moi sommes, membres de cette société de les écouter, de les croire. Compatissons à leurs douleurs, dénonçons les coupables et ensemble éradiquons ce fléau.

 

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