Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Un message à mes voisins : « Occupez-vous de vos affaires ! »

Ragots, calomnies, mensonges, certaines personnes de notre entourage, au lieu de s’occuper de leur vie, semblent s’être convertis en grands inquisiteurs…

C’est un dimanche, en début d’après-midi. Nous revenons de l’église avec mes amis du quartier. Nos âmes sont remplies par la bonne parole que l’homme de Dieu a si bien lue et prêchée. Nous nous arrêtons dans la petite ruelle qui mène chez moi, il y a Bosco qui tient un petit kiosque. Là où l’apéro du dimanche se prend.

La femme du propriétaire est là aussi. Elle habite le même enclos que nous et nous invite parfois à manger le mukeke bien mariné qu’elle a cuit. Et quand nous refusons, elle ramène les casseroles dans notre petite chambrette et s’assoit. Elle nous raconte ses différentes prouesses quand elle avait encore notre âge et nous ne faisons qu’acquiescer…

Souvent, nous avons droit à des séances de moralisation. Notre tantine, comme nous aimons l’appeler, nous prodigue alors des conseils utiles, souvent anodins, parfois crus sur comment nous devons nous comporter aussi longtemps que nous serons des célibataires : ne pas nous adonner à la débauche et surtout prier pour nos futures épouses.

Jusqu’ici, tout allait très bien, avant que les voisins n’y mettent leur grain de sel. Je ne sais pas qui est allé raconter des bobards au propriétaire mais, depuis un certain temps, il nous regarde d’un très mauvais œil. Il pense que nous buvons régulièrement à sa tasse de thé. Ce qui est loin d’être le cas !  « Devrions-nous dire à notre tantine de ne plus venir chez nous ou dire aux voisins de s’occuper de leurs oignons ? », demande Vincent.

Ce n’est pas mieux chez les autres…

Chez Thierry, le conducteur de poids lourds, la situation est, parait-il, plus compliquée. Monsieur habite la même concession que nous et peut passer des semaines sur les routes de Dar-es-Salaam dans des convois. Selon les rumeurs propagées toujours par les voisins, pendant son absence, sa femme vit de bons moments avec leur domestique et il se pourrait que Madame soit enceinte du groom.

« Lorsque Thierry l’a su, il ne s’est pas fâché ! », assure la femme de Marc. Il se serait rabattu sur la bonne et a pris sa revanche. « Maintenant Madame est enceinte du groom et la bonne est enceinte de Monsieur », se gausse-t-elle.

J’ai attendu des mois, mais je n’ai pas vu de grossesse, ni chez la bonne, ni chez la femme de Thierry.

Pourquoi tant de problèmes ?

Je ne saurai dire que cette façon de prendre plaisir à raconter des ragots fait partie intégrante de la culture burundaise. Si c’est le cas, nous vivons une époque vraiment formidable où chaque geste que l’on pose est scanné à la loupe par un jury imaginaire du voisinage.

Si ce n’est pas le cas, eh ben nous sommes tous toqués alors. Et si dans chaque quartier, chaque individu s’occupait de ses affaires sans s’immiscer dans celles des autres ? Les relations saines existent-elles encore?   

Quitter la version mobile