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L’école ou l’église, il faut choisir

Tandis qu’à quelques mètres une école agonise, une église flambant neuve s’élève avec arrogance dans le ciel….

J’ai grandi à Kinindo et j’ai eu l’honneur, le privilège et la grande joie de fréquenter l’école primaire de Kinindo, communément appelée EPK par les intimes. C’était au début des années 90, juste avant que la guerre phagocyte notre beau pays. Aujourd’hui, la même école qui fit le bonheur de mon enfance est dans un état pitoyable malheureusement. Les murs sont délabrés, sales, les toitures sont cassées et couvrent à peine certains endroits, l’herbe et le reste de la cour n’ont pas été entretenues depuis que Mwezi Gisabo a capitulé devant les Allemands, et je ne parlerai surtout pas de l’odeur immonde qui vient des toilettes et qui attaque les narines de toute personne qui a le malheur de passer devant l’école !

À moins de 200 mètres de l’école, une église neuve s’élève dans le ciel sans gêne ni arrogance. La cathédrale en question fut construite par l’Église catholique dont les poches sont assez garnies. Cependant, certains citoyens du quartier, plusieurs d’après ce que l’on m’a dit, ont mis les mains dans les poches et ont ainsi participé financièrement à la construction de ladite église.

L’école est délabrée mais, l’église rayonne. Les gens ont le droit de dépenser leur fortune comme bon leur semble. Mais, personnellement, je trouve désolant de sacrifier le savoir et l’apprentissage académique pour une église alors que le quartier en compte deux ou trois déjà. Certes, la crise qui torture notre pays pousse les gens à chercher le salut de leur âme, la paix intérieure et un sens à tout ce qui se passe. Cette crise, qui s’éternise, nous a tous traumatisé à jamais et en toute franchise, que l’on veuille l’admettre ou pas, nous sommes tous perdus à divers degrés. L’église et la prière offrent un immense réconfort, j’en conviens.

L’école sauve tout autant

Cependant, quid du savoir ? Quid de l’apprentissage pour former des citoyens éduqués, instruits, créatifs, travailleurs, rationnels ? La foi en Dieu sauvera peut-être notre âme lors de l’apocalypse mais prendre soin de nos facultés intellectuelles nous sauvera tout autant. Une école de quartier est toute aussi importante qu’une église ! Elle permet aux habitants du quartier d’y envoyer leurs enfants s’ils n’ont pas les moyens d’aller à l’école privée, ce qui peut être salutaire pour de nombreuses familles.

Les soirs, le quartier au complet s’y retrouvait. Les salles de classe vides nous servaient de lieu d’apprentissage, un endroit où on pouvait s’entraider sans la pression du professeur, un endroit où on pouvait se parler sans la supervision des parents, un endroit qui nous permettait d’être nous-mêmes et surtout apprendre de nos pairs.

Les fonds des particuliers auraient pu grandement aider l’école. L’Église catholique se porte très bien financièrement aux dernières nouvelles, tandis que l’école du quartier agonise. Ça servirait à quoi d’avoir une génération qui sait réciter la bible et prier si elle sait à peine lire et écrire ? Peut-être, on pourrait faire mieux à l’avenir avec les écoles du quartier.

 

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