Des leaders de l’opposition politique interne et externe se sont rencontrés en conclave du 3 au 5 mai à Kampala en Ouganda. En acceptant de participer aux prochaines élections de 2020, « les opposants radicaux » mettront une sourdine à leur rhétorique sur la crise politique en cours au nom de l’impérieuse nécessité d’en être.
Ne pouvant se résoudre à s’agenouiller devant leur adversaire ou mus par une impuissance repeinte en réalisme, certains opposants en exil posent des conditions pour leur participation aux prochaines joutes électorales.
Entre autres conditions, figurent « la levée des mandats d’arrêt internationaux émis contre certains leaders de l’opposition, la garantie de la protection des politiciens qui rentreraient d’exil par des militaires ou policiers choisis par eux-mêmes et le rétablissement de leurs partis politiques déchirés».
Charles Nditije, opposant en exil, détaille avec une lucidité cinglante la logique souterraine à l’œuvre chez ses anciens compagnons de lutte : « À court d’arguments, ceux-là justifient leur future participation dans ces élections décriées par le fait qu’ils ne peuvent pas empêcher la tenue de ces élections. D’autres disent qu’ils ont attendu 5 ans (2015-2020) et qu’ils ne peuvent pas encore attendre 7 ans (2020-2027), au risque de disparaître politiquement. »
Compromis
La commission électorale nationale indépendante (CENI) a insisté sur la culture démocratique entre les acteurs politiques pour la réussite des élections de 2020. « Si la population est suffisamment imprégnée de la culture démocratique, les élections ne seront qu’une étape de la vie quotidienne », a souligné Pierre Claver Kazihise, président de la CENI, mardi 7 mai. Des propos dont le moelleux du convenu fait sourire au regard du contexte de crise politique dont l’impasse est entrée dans sa cinquième année.
La co-organisation des prochaines échéances électorales serait le compromis à même de résoudre le défi de la transparence. Lui seul est à même de restaurer la confiance entre ses protagonistes politiques, créant ainsi un climat propice à des élections crédibles et apaisées.
Tant que ce compromis dans la conduite du processus électoral – soutenu avec force par la communauté internationale, notamment l’UA et les Nations unies – demeurera un « wishfull thinking », il sera vain de demander des négociations pour ne pas se contenter d’accompagner le prochain processus électoral. Si l’Aigle ne se rend pas à l’évidence du caractère incontournable des négociations, toute autre démarche apparaîtra comme le signe avant-coureur d’un contentieux électoral programmé faisant le lit d’un second souffle de la crise politique de 2015.