Aujourd’hui capitale économique, hier capitale politique et autrefois capitale du Rwanda-Urundi, la croissance de Bujumbura reste tout de même inconnue d’un bon nombre de Burundais dont ses habitants. Retour sur la création des quartiers depuis 1897.
Les Allemands n’avaient pas l’intention de faire de Bujumbura une ville, encore moins la capitale du Burundi. La preuve en est qu’ils créeront Gitega en 1912 et en feront la capitale.
En établissant le premier poste à Kajaga en 1896, puis à Bujumbura, cette implantation était une stratégie, écrit Sylvestre Ndayirukiye, géographe et enseignant à l’Université du Burundi, dans le livre sorti en 2002 par une équipe de 24 Burundais dont des universitaires pour marquer le centenaire de Bujumbura célébré en 1997.
Contrôle
Les Allemands voulaient donc contrôler la circulation dans le lac Tanganyika. Cela en raison de la proximité de cet emplacement avec ce lac. Sous la colonisation allemande (1896-1916), aucun des quartiers résidentiels ne va être créé. Bujumbura se limite alors à Kajaga et au noyau primitif habité essentiellement par des Européens et des Asiatiques.
L’économiste Prime Nyamoya parle d’une «modeste bourgade» dans son article sur les « conditions d’une métropole régionale dans les pays des Grands lacs » paru dans ledit ouvrage. Bujumbura va connaître un envol particulier sous la colonisation belge.
«Pendant la période de tutelle belge, c’est à partir de l’après-guerre que, Usumbura, capitale administrative du Rwanda-Urundi, connut un essor fulgurant avec des investissements publics importants en matière d’infrastructures économiques et sociales dans le cadre du plan décennal 1950-1959», souligne-t-il dans l’introduction de son article.
Croissance de la ville : 1916-1962
Après la défaite des Allemands face aux Belges en 1916, ceux-ci obtinrent de la Société des nations (SDN) le mandat sur le Rwanda-Urundi. La capitale de l’Urundi est maintenue à Gitega, mais Usumbura, suite à sa proximité avec le joyau si attractif, héritera du statut de capitale administrative du Rwanda-Urundi.
Le roi «règne» sur l’Urundi depuis Gitega, le centre du pays et le résident général gouverne le Rwanda-Urundi depuis Usumbura. Cette dernière étant le centre du pouvoir, cela va de soi qu’elle va attirer l’attention de tout le monde. Ainsi, Bujumbura connaîtra une croissance accélérée comparativement à d’autres villes, surtout Gitega, sa rivale.
Des lotissements seront entrepris et différents quartiers créés. Notamment le quartier asiatique, Rohero centre, Buyenzi, Belge (l’actuel Bwiza), le quartier industriel, Zeimet, Kamenge, Ngagara, Kinama, Nyakabiga. En plus, Bujumbura dotée de différentes infrastructures de développement, dont l’aéroport et le port.
D’une modeste bourgade à une ville imposante
C’est après l’indépendance que Bujumbura prendra l’aspect que quiconque peut lui reconnaître aujourd’hui. L’indépendance imminente, Bujumbura est très en avance en termes d’infrastructures.
Les nouvelles autorités le constatent. Ainsi, ils décideront de transférer à Bujumbura la capitale du Burundi aussitôt les rennes du pouvoir remises entre leurs mains.
À un journaliste de l’AFP qui demanda au prince Louis Rwagasore en octobre 1961 que le gouvernement allait être basé à Gitega, il répondit sans ambages.
«Non la capitale du pays c’est Usumbura et le gouvernement ainsi que l’assemblée descendront prochainement», écrit Christine Deslaurier, historienne française dans son livre sur les ‘‘Paroles et écrits du prince Louis Rwagasore’’ à la page 211.
L’installation des autorités à Bujumbura fera que celle-ci garde le prestige. Les nouveaux «blancs» occuperont les bureaux, les résidences des anciens «blancs» et en construiront d’autres particulièrement dans cette ville.
Nouveaux quartiers
Beaucoup de quartiers seront aménagés jusqu’à en 1995. Rohero II, Musaga, Kabondo, Mutanga, Mutakura, Buterere, Kinindo, Jabe, Kinanira, quartier industriel, Gikungu, Kanyosha, Gihosha, Gasenyi, Kibenga, etc. Mais par contre, Cibitoke a été créé en 1965 pour des habitants déplacés suite la montée des eaux du lac.
La création des sites de construction se poursuivra de 1997 jusqu’en 2000, à Kinanira III, à Kigobe, etc. Et beaucoup plus tard, les nouveaux quartiers, Gasekebuye, Sororezo jusqu’à récemment à Nyabugete, etc.
La construction de Bujumbura telle qu’elle est aujourd’hui a pris du temps. Cependant, il se pourrait que son aménagement et surtout le lotissement des terrains considèrent moins les risques éventuels dus à son emplacement et aux rivières qui la traversent.
Dans l’avenir, les services de l’urbanisation devront étudier l’impact du changement climatique sur les terrains faisant l’objet de lotissement. Bujumbura est sujette à la vulnérabilité environnementale en raison de son emplacement dans la plaine.
Période de création des différents quartiers
Nom du site | Année d’ouverture |
Q. Asiatique | 1930 |
Rohero centre | 1937 |
Buyenzi et Belge (Bwiza actuel) | 1941 |
Q. industriel, Zeimet, | 1950 |
Kamenge et Ngagara | 1952 |
Kinama | 1957 |
Nyakabiga | 1958 |
Rohero II, Cibitoke et Musaga | 1965 |
Kabondo | 1968 |
Mutanga sud, Mutakura et Ngagara (quartier 6) | 1977 |
Buterere | 1978 |
Kinindo | 1980 |
Jabe | 1981 |
Q. industriel II | 1986 |
Gikungu et Kanyosha | 1990 |
Gihosha et Gasenyi | 1993 |
Kibenga | 1995 |