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Burundi : il est temps de s’interroger sur la carte nationale d’identité

Avoir sa carte d’identité n’est pas toujours signe qu’on n’a rien à se reprocher. Pourtant, à Bujumbura, elle semble être le sauf-conduit ultime. Aux contrôles policiers, tu en as, tu es irréprochable ; tu n’en as pas, tu es pire qu’un tueur en série…

Il est 21h30, on fait la queue au parking de bus pour Musaga, sans réel espoir d’en trouver un qui serait toujours en activité. De loin et un quart d’heure après, j’aperçois, au niveau de la BCB, des phares projeter vers nous. L’espoir réapparaît et tous les gens autour de moi se mettent bien à la ligne.  

Au moment d’entrer, le convoyeur, très autoritaire, nous fait une remarque : « Vérifiez d’abord si vous avez sur vous, vos pièces d’identité. Je n’embarque personne avant de me montrer sa carte nationale d’identité ». Quand on commence à en rigoler, un homme visiblement éméché lui répond : « Pour qui tu te prends, un général de la police qui voudrait nous faire des leçons sur la bonne conduite? » Et au convoyeur de clarifier : « Six de mes précédents clients se sont faits sortir du bus par la police car n’ayant pas de carte d’identité. Ils ont refusé de me payer soi-disant qu’ils n’étaient pas arrivés à destination. Mais ne vous inquiétez pas, si vous avez un billet de 2000Fbu à donner aux policiers, ils vous laisseront retourner dans le bus. »                                                                                                                           

Le convoyeur voulait en fait éviter de retomber dans le même panneau.

Tu n’en as pas, tu es un malfaiteur…

Exactement au niveau du pont Muha, un policier exige qu’on brandisse nos cartes d’identité. Et d’accuser : « Celui qui n’en a pas est invité à sortir. C’est ce genre de personne qui pille la nuit ou qui attaque les gens à la machette. »

Cette phrase m’a rongé dans mon for intérieur. Moi qui l’oublie souvent quand je change de vêtements, je pouvais donc passer facilement pour un tueur à la machette?  Dieu soit loué, ce jour-là je m’en étais souvenu.

…tu en as, tu es innocent!

Imaginez si on était dans ce même bus avec un vrai tueur à la machette qui a pris le temps de bien ranger les choses et mettre son identité dans son porte-monnaie. D’ailleurs, je suis sûr que ça fait partie du top des choses à ne pas oublier pour ce genre d’individu. Donc en l’exhibant, il serait passé facilement pour aller préparer, peut-être, un autre coup. Même s’il l’aurait oubliée, ce billet de 2000 francs lui assurerait de ne pas être dérangé.

Pendant ce temps, les pauvres hères qui ont le malheur de l’avoir laissée à la maison ou égarée, se voient traités de tous les noms, rabroués, interrogés, et coffrés dans le pire de cas. Ça me fait rire. Jaune.

 

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