Appelé sélection chez les jeunes burundais, le viol en bande est l’une des pires violences dont on ne parle jamais au Burundi. Témoignage poignant d’Evelyne, victime de cet acte barbare.
Je m’appelle Évelyne, j’ai 24 ans. En 2017, après mes études secondaires, je suis venue dans la capitale pour entamer les études universitaires. Peu de temps après, j’ai rencontré un garçon, très gentil et attentionné avec moi. Un jour, il m’a proposé de venir lui rendre visite à son domicile. J’ai accepté. Je pensais qu’il vivait avec sa famille mais il était seul dans cette maison. Il m’a servi un fanta et il a commencé à me raconter des blagues comme il aimait le faire. 20 minute après, il a allumé la télé et a mis un film pornographique. C’était la première fois que je voyais ce genre de vidéo, aussi mon corps s’embrasa. Le garçon en profita pour me caresser, sans la moindre résistance de ma part. Après quelques minutes, il se retira aux toilettes un instant puis me proposa à son retour, d’aller dans sa chambre. Sans hésiter, j’acceptai. Nous avons fait l’amour et ça m’a plu.
Des invités…
Après le « deuxième coup », cinq garçons, surgis de nulle part, se sont introduits dans la chambre, en criant comme s’ils avaient attrapé des voleurs. Ils disaient que nous étions en train de faire l’inconcevable et qu’ils avaient même pris des images et qu’ils allaient les publier si on ne coopérait pas. Le garçon et moi étions si terrifiés que je ne savais pas quoi faire. Ils ont juré qu’ils n’allaient pas nous dénoncer, si en échange, on acceptait de les laisser faire la chose avec moi. À cet instant, le garçon a commencé à m’expliquer les conséquences qu’ils pourraient y avoir si je n’acceptais pas le deal. Il me dit que toutes nos familles sauront notre acte ignoble, que tous les doigts seront pointés sur nous, qu’on allait être humiliés et marginalisés dans la société, etc.
Je n’ai pas eu d’autres choix, j’ai accepté et j’ai payé cher, très cher. Ils se sont jetés sur moi comme des bêtes sauvages, m’ont broyée, déchiquetée, brisée. Certains ont utilisé des préservatifs et d’autres non. Le garçon était lui dans le salon et il n’a rien fait pour mettre fin à ce calvaire. Quand ils ont fini leur sale besogne, ils m’ont laissé là, à moitié morte. Le garçon est parti avec eux m’abandonnant à cet endroit.
Le comble de malheur
Le corps meurtri, la peur au ventre, que d’autres ne me trouvent là et me fassent la même chose, j’ai réussi à me mettre sur les deux pieds et à rentrer chez moi, plutôt là où j’étais hébergée, car mon chez moi, je l’avais laissé loin dans mes collines protectrices.
Trois jours après le viol, j’ai croisé tous mes bourreaux ensemble avec l’autre garçon. Et c’est là que j’ai compris qu’on m’avait piégé. Tout s’est joué au moment où le garçon était allé dans les toilettes. Il a appelé ses amis par téléphone pour les inviter à la petite partie de jambes en l’air. Le pire, étant tous mes voisins, ils se moquaient de moi à chaque fois qu’on se croisait sur le chemin. Ils m’avaient même donné un surnom « Rutungaboro », ça les faisait rire. J’ai du déménager pour fuir cet enfer. J’ai plusieurs fois pensé à les dénoncer mais je n’ai pas eu ce courage. Aujourd’hui, je suis meurtrie et séropositive.