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Faut-il une nouvelle classe politique au Burundi ? Les politiciens s’expriment.

À l’appel de Parcem d’insuffler le renouvellement de la classe politique, les avis des politiques divergent. Léonce Ngendakumana soutient l’idée mais sur le long terme. Olivier Nkurunziza ne l’entend pas de cette oreille.

«Jamais au Burundi, le renouvellement de la classe politique ne s’est fait sentir», affirme Faustin Ndikumana, directeur exécutif de Parcem, ONG locale militant pour le changement des mentalités.

D’après lui, la classe politique en activité reste fascinée par un passé sombre et lourd dans laquelle la plupart de ses membres ont été des acteurs principaux.

En plus, poursuit cet acteur de la société civile, au lieu de regarder vers l’avenir dans la perspective d’un Burundi sûr, ses membres se livrent à des chicaneries politiques de bas étage.    

Ainsi, M. Ndikumana soutient que cette classe politique, impossible d’évoluer avec le temps, voulant toujours nager à contre-courant ou à ramer contre les vagues de l’Histoire, sera contrainte de disparaître pour laisser la place à une nouvelle génération.

Du renouveau, mais…

Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya Frodebu et ancien président de l’Assemblée nationale, soutient cette idée de Faustin Ndikumana : «Il est grand temps de renouveler la classe politique burundaise».   

Son explication ne s’éloigne pas trop de celle de l’activiste de la société civile : «Les politiciens en activité restent prisonniers du passé qui les a marqués, l’amour exagéré des intérêts sectaires a caractérisé la classe politique qui a géré par le passé et celle qui gère le pays aujourd’hui».

Selon lui, chaque «leader» se dit être le seul à même de diriger le pays. Malheureusement, regrette-t-il, il en est de même au sein des partis politiques. «Certains présidents des formations politiques préfèrent diriger seuls durant toute leur vie. Ils les créent, les gèrent jusqu’à ce qu’ils meurent comme si personne d’autre ne pouvait leur succéder valablement voire faire mieux  qu’eux de leur vivant».   

Néanmoins, ce vieux routier de la politique burundaise nuance par rapport à ce que dit l’activiste de la société civile. Le nouvellement de la classe politique ne peut pas se faire en un coup : «Ce sera un processus difficile qu’il faut négocier subtilement avec la classe politique actuelle. Ainsi, il doit être progressif».

Léonce Ngendakumana indique que le renouvellement de la classe politique ne peut pas être un programme de 2020, ni celui de 2030. Cependant, ll n’écarte pas la possibilité «des miracles» qui peuvent entraîner son anticipation.    

Accent sur le changement des mentalités

De son côté, Olivier Nkurunziza, secrétaire général du parti Uprona, estime que le renouvellement de la classe politique ne suffit pas. «Il faut plutôt que la classe politique tout comme la population dans son ensemble changent leur façon de penser, d’agir. Je mets l’accent sur le changement des mentalités».

Dans les bistrots et même ailleurs, souligne-t-il, les Burundais discutent des sujets en rapport avec la politique. Rares sont ceux qui engagent des débats au sujet du développement, de l’économie, etc.  

Ce cadre du parti de Rwagasore assure que cette passion pour la politique est due à la recherche des intérêts : «Au lieu de voir ce qu’ils vont y mettre, ils voient ce qu’ils vont en tirer».

Pour lui, les vieux politiciens restent d’une grande utilité. Avec leur expérience, ils enseigneront les jeunes qui, dans l’avenir constitueront la nouvelle classe politique.  

Les jeunes doivent lire beaucoup surtout l’histoire pour la comprendre. Cette dernière est pour le gestionnaire d’un pays ce que sont les rétroviseurs pour le chauffeur d’un véhicule.

Autrement, même si demain ils succédaient à la classe politique actuelle, l’âge et la fatigue aidant, ils risqueraient de rééditer les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs lointains tout comme proches.  

 

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