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L’infertilité dans le couple : ce n’est pas une tare féminine

Faire un enfant est normalement un processus simple et clair. Mais pas pour tout le monde. Au Burundi, en l’absence d’une progéniture, c’est la femme qui est pointée du doigt. Parfois à tort.

Avoir un enfant n’est pas toujours aussi facile que ça en a l’air. Si certaines femmes tombent enceintes au premier essai, d’autres peuvent attendre, des années et des années ou même en vain, pour voir leur ventre rebondi. Cette situation affecte profondément la vie du couple mais surtout la femme qui est souvent considérée comme la cause du problème.

Chez nous, lorsqu’après le mariage, des mois, des années passent sans qu’il y ait une grossesse en vue, la belle-famille commence à s’en mêler et à s’en prendre particulièrement à la belle-fille. N’avez-vous jamais entendu des phrases telles que : «Yaje guhonya umuryango» (elle est venue tuer la lignée, ndlr), ou alors «Yazanywe n’ukurya gusa» (elle est venue juste pour manger, ndlr)?  L’enfant étant considéré comme une richesse, une femme qui ne met pas au monde est donc perçue comme une malédiction pour sa belle-famille.

Culpabilisation

Ajouter la pression du voisinage et les ragots de la société, la femme se sent à la fin coupable, quand bien même ce ne serait pas de sa faute, car l’époux est rarement mis en doute. À cela, se joignent la tristesse et la dépression quand cette dernière se retrouve dans des groupes de femmes parlant de maladies infantiles, allaitement, anniversaires. Elle se sent du coup comme une intruse, une marginale.

Mais ce qui est occulté par la société, c’est que l’infertilité concerne autant la femme que l’homme. Selon le gynéco-obstétricien Sylvestre Bazikamwe, «les causes de l’infertilité ou infécondité, terme utilisé par les médecins, sont nombreuses: les infections sexuellement transmissibles pouvant toucher autant les hommes que les femmes, les avortements clandestins pouvant entraîner des infections de l’utérus, la maladie inflammatoire pelvienne, l’obstruction des trompes, l’éjaculation rétrograde (les spermatozoïdes  sont dirigés vers la vessie), l’obstruction de la voie spermatique, les oreillons qui s’attaquent en même temps aux glandes salivaires mais aussi aux testicules chez les adolescents, les produits toxiques, etc.»

Malheureusement peu d’hommes vont faire le premier pas pour faire des examens médicaux. Au contraire, certains vont plutôt coucher en dehors du nid conjugal pour voir s’ils peuvent faire un enfant de leur côté. Certes, certaines femmes le font aussi, mais c’est moins facile pour les femmes que pour les hommes car ces derniers ne portant pas l’enfant dans leur sein, peuvent en faire une dizaine dehors sans que ça se sache.

Tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir

Il existe plusieurs couples qui ont des enfants après plusieurs années de traitement. Par ailleurs, il y a une différence entre infertilité et stérilité. Le premier consiste en un constat de la problématique à concevoir un enfant. Quant au second, il s’applique à un cas où tous les traitements médicaux ont échoué.  Alors, à moins d’avoir tout essayé, on n’est pas stérile mais infertile.

Selon toujours le docteur Bazikamwe, «le mieux est de faire des checks up réguliers au laboratoire ou faire des tests au moindre doute car certaines causes de l’infertilité peuvent être guéries si elles sont traitées à temps. L’idéal, c’est que l’homme et la femme se fassent examiner ensemble et se soutiennent dans le traitement prescrit.»

Quoi qu’il en soit, la famille et la société ne devraient pas se mêler de la vie d’un couple. D’autant que, lorsque l’enfant naît, ce sont les parents qui vont s’en occuper et non pas les parentés et les voisins. Et de surcroît, la femme ne devrait être pas être marginalisée, car même sans être mère, elle reste un être humain, une femme à aimer et à respecter.

 

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