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« Les deux mamans aux milliers d’enfants » : la réussite des valeurs rundi

Ce 27 mars 2019, dans les enceintes de l’hôtel Source du Nil, était présenté publiquement le livre «Les deux mamans aux milliers d’enfants». Un ouvrage écrit par deux sœurs, Spès Nihangaza et Caritas Habonimana, cofondatrice de l’association «Famille pour Vaincre le Sida». De quoi nous parle ce nouveau-né dans le paysage littéraire burundais?

Le livre de 184 pages nous brosse l’histoire d’une compassion, un amour inimaginable. Il nous montre jusqu’où peut aller la persévérance, l’espoir et la bonne action. Il nous fait vivre le parcours de passionnées qui ont œuvré pour l’humanité pendant tout un quart d’un siècle, aujourd’hui.

J’étais au bord des larmes en écoutant les témoignages des personnes aidées par l’association de ces deux mamans. Et quand je lisais le livre, c’était autre chose. J’ai été étonné de voir que les réussites que nous voyons autour de nous sont le résultat de la charité de ces braves dames. En lisant les témoignages d’Annick Kabatesi, fondatrice de l’entreprise Murundikazi fashion, Olivier Gahungu, licencié en sociologie malgré son handicap physique et beaucoup d’autres, je me suis dit que n’eut été la bonne action de ces mamans, de  tels talents n’allaient pas grandir.

Le livre étonne. Le livre inspire. Le livre m’a fait voyager dans notre passé. Et à l’instar d’autres livres-témoignages qui sont parus dernièrement à Bujumbura, il montre une réussite de nos valeurs. Jean Baptiste-Simbare octroyait sa réussite à «l’humilité», Christine Ntahe voudrait toujours chanter la réussite de la valeur d’Ubuntu; et ce nouveau livre nous parle de la réussite de la valeur «Umwana si uw’umwe».  

Mais qui sont ces deux anges-gardiens?

Elles sont sœurs de sang et sœurs de compassion. Alors que le VIH/SIDA fait des victimes, laissant beaucoup d’orphelins au début des années 90, la guerre civile vient ajouter de l’huile sur le feu : le nombre d’orphelins et de délaissés augmente du jour au jour. Ils viennent de partout. Spès et Caritas sont touchées par tant de misère et décident de s’investir. Mais comment les deux sœurs ont pu répondre à cette forte demande? Comment ont-elles pu héberger un si grand nombre d’enfants dans un  petit resto à l’avenue de l’Amitié, les nourrir, les faire soigner, les envoyer à l’école? Je n’y vois qu’une seule réponse : leur grandeur d’âme.

Dans leur combat, «leur bâton de pèlerin» fut l’adage kirundi «umwana si uw’umwe» (l’enfant n’appartient pas qu’à ses seuls parents), qui deviendra plus tard leur mot d’ordre, leur leitmotif, leur manière d’agir, leur manière de penser, bref, leur philosophie.

«Ndi musigwa musangwa wa Rusengo yasigaranye impfuvyi ntizigware akabonge.» ( Je suis le fils adoré de Rusengo à qui on a confié les orphelins et qui les a mis à l’abri de tout malheur), tel est l’héritage encré dans les cœurs et dans les mémoires des deux sœurs. Ces paroles viennent de leur grand-père qui les répétait à chaque prise de parole. Ces paroles guideront sans doute les deux combattantes tout au long de leur parcours.

Les initiatives repris dans le livre comme «Murikira Nige», qui consiste à donner des lampes aux écoliers des villages; Nawe nuze, pour l’autonomisation financière des familles vulnérables et tant d’autres sont le résultat de cette valeur, cette philosophie. Une philosophie qui bouillonne toujours dans les cœurs de ces mamans et qui fait écho dans le livre.

 

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