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Kigali-Kampala : une réédition de la crise burundo-rwandaise ?

Le climat tendu entre Bujumbura et Kigali n’est pas le seul à hanter  les pays de l’East Africa Community. Depuis un bon bout de  temps, les relations entre Kigali et Kampala sont aussi  froides. La situation va-t-elle pourrir comme pour le Rwanda et le Burundi ? Analyse.

Entre les deux anciens alliés, les choses ne sont plus comme avant. La guerre des mots est déjà là. Et sur la place publique. De quoi étonner plus d’un quand on connaît les relations historiques entre les deux voisins, ou plutôt entre les deux régimes. L’interdiction des poids lourds à la frontière de Gatuna (officiellement pour rénovation) est venue comme pour  enfoncer le clou. Kampala dénonce une entrave à la circulation de biens et des personnes.  

La pomme de discorde

Depuis plusieurs mois, le Rwanda dénonce l’arrestation de ses ressortissants à Kampala. Des accusations d’espionnage et de terrorisme sont dressées contre eux. Dans la suite, un peu comme pour Bujumbura et Kigali, des officiels rwandais accusent Kampala de soutenir la rébellion du Congrès national rwandais, RNC, un parti d’opposition dirigé par Faustin Kayumba  Nyamwasa et qualifié de terroriste par le Rwanda. Ce que réfute l’Ouganda.

En tout cas, des déclarations  par médias interposés entre les ministères des affaires étrangères des deux pays confirment la crispation des relations entre les deux pays. Le chef de la diplomatie rwandaise n’y va pas avec le dos de la cuillère. Selon lui, Kigali détient des informations selon lesquelles le RNC reçoit le soutien de l’Ouganda, allant jusqu’à dissuader les Rwandais de se rendre au pays de Museveni. De son côte, le ministre ougandais des affaires étrangères nie tout en bloc et assure que l’Ouganda ne peut permettre à personne d’utiliser son territoire comme base pour menacer un pays voisin. Depuis, c’est toujours le statu quo, les relations entre les deux voisins restent glaciales.

Une  décrispation  rapide: possible?

En raison des liens historiques entre les deux régimes, ce conflit étonne plus d’un. Et beaucoup sont ceux qui pensent que la décrispation peut intervenir vite, beaucoup plus vite que le conflit qui oppose Bujumbura et Kigali. Une lecture de la situation corroborée par un  politologue burundais, avec une certaine dose de relativisme tout de même : «Le conflit  Kigali-Kampala  étonne plus d’un certes… Mais dans les relations entre les États, tout peut arriver, même pour les pays  alliés, y compris la guerre. Toutefois, en raison des liens historiques entre les deux régimes, ce ne serait pas étonnant que la hache de guerre soit enterrée plus vite. Tout dépend des intérêts en jeu, surtout que ce sont ces derniers qui animent les relations entre  es États. Le rôle joué par les dirigeants des deux pays dans la conquête du pouvoir ici comme ailleurs peut être aussi déterminant».

Un autre élément important peut favoriser  une décrispation rapide. Le poids économique des deux pays dans l’East African Community. «Contrairement au Burundi qui est le maillon faible de cette communauté (ce qui peut expliquer en partie  le désintérêt de la région pour le conflit qui l’oppose au Rwanda), le trafic économique entre Kigali et Kampala est parmi les plus importants de la région», note le politologue. Pour ce dernier, ce ne serait pas étonnant de voir la région s’impliquer davantage pour le désamorçage de cette crise. Ce n’est pas par hasard, conclut-il, que le président kényan de retour de Kigali la semaine dernière ait fait un saut à Kampala pour rencontrer son homologue ougandais. Les trois pays (Kenya, Ouganda, Rwanda) sont d’ailleurs en avance par rapport aux autres pays de l’East African Community.

 

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