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Mwaro, le mal aimé

Quelqu’un qui garde jalousement ses économies, on lui dit qu’il vient de Mwaro. Quand il n’est pas prodigue, qu’il a les attitudes des gens de Mwaro. Nous avons  approché un expert en histoire pour lui demander d’où vient cette croyance.

J’entends dire ici et là: «Toi, tu viens de Mwaro», pour justifier que tel est avare.  J’ai d’abord interrogé quelques personnes venant de cette région, pour savoir ce qu’ils pensent de ce cliché.

Innocent Nsabiyumva, un jeune homme originaire de cette province, m’a répondu: «Quand on se moque de moi, et qu’on me traite d’avare parce que je suis ressortissant de Mwaro, ça ne me fait ni chaud ni froid. Je le prends pour une  simple blague. Je ne sais même pas d’où ça provient».

Pour Marc, «ce cliché finit à la longue à devenir lourd, quand, entre amis, tu es fauché et que tu ne peux pas payer une tournée par exemple. Tout le monde a tendance à penser que tu refuses sciemment.»

J’ai alors décidé d’approcher des experts en histoire pour connaître l’origine de ce cliché.

C’est depuis l’époque de la monarchie

«Avant l’avènement de la République, il y avait  le règne du roi Mwambutsa Bangiricenge. Celui-ci venait de la province Muramvya, dont faisait partie la région de Mwaro, maintenant province indépendante. Il y avait une pratique sous la monarchie,  où certaines familles discriminaient les autres quant au partage du pouvoir et des biens, et de cette façon, le pouvoir revenait à une seule province», nous apprend Aloys Batungwanayo, un chercheur en  histoire.

Comme l’explique le chercheur, depuis l’avènement de la 1ère  République, qui a mis fin à la monarchie en 1966, le pouvoir de Muramvya-Mwaro a sombré, et ceux qui avaient de grandes richesses sont devenus alors comme de simples citoyens. Cela a fait qu’ils changent leurs anciennes habitudes. Arrivés dans les bars, ils ne payaient plus ce que les autres avaient bu. Surgissaient alors des disputes avec les tenanciers, qui leur disaient : «Payez!». Et les autres rétorquaient, «je paye ma consommation seulement», alors qu’avant c’était lui qui se chargeait de régler toute la  consommation. L’incompréhension a poussé alors les gens à penser que c’était par pure avarice.

Depuis ce temps alors ce cliché d’avarice colle aux ressortissants de Mwaro.

 

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