Une nouvelle classe est nécessaire, selon notre blogueur Jean-Marie Ntahimpera. Mais être jeune ne suffit pas. Une nouvelle classe politique ne sera vraiment nouvelle que si elle met fin aux virus qui empêchent notre pays d’avancer depuis longtemps, et au premier rang desquels se trouve l’ethnisme.
La semaine passée, un nouveau mouvement politique a annoncé sa naissance : le Mouvement d’Actions Patriotiques (MAP) – Burundi Buhire. Dans sa «déclaration politique» signée par son porte-parole Emery Pacifique Igiraneza, le MAP dit incarner «une nouvelle classe politique, de patriotes intègres et courageux ayant à cœur une vision nationale bien pensée». Il dit s’engager «à porter et promouvoir un grand chantier politique de refondation de la Nation et de l’État Burundais».
Des idéaux séduisants
C’est trop tôt pour savoir ce qu’un tel mouvement deviendra, mais ses idéaux ont tout pour séduire beaucoup de jeunes Burundais, qui ont désespérément besoin de changement. Le débat politique burundais, ou ce qui en reste, est monopolisé par des politiciens de la vieille école qui se recyclent depuis une vingtaine d’années. Même les partis et plateformes qui disent vouloir promouvoir le changement, comme le CNARED, n’échappent pas à cette règle.
Tous ces politiciens ont montré leurs limites, étant donné que notre pays ne montre aucun signe de progrès, que ce soit en matière de développement économique ou de droits humains.
Un espoir pour la paix
La création de ce genre de mouvements est salutaire au moins pour une raison : l’espoir. L’impasse dans laquelle se trouve le dialogue d’Arusha a poussé beaucoup de Burundais au désespoir. Beaucoup de ceux qui sont en exil ont perdu l’espoir de pouvoir rentrer dans leur pays et de vivre une vie normale en l’absence d’un accord entre le pouvoir et l’opposition.
Cette perte de l’espoir est dangereuse puisqu’elle risque de pousser ceux qui n’ont rien à perdre à exprimer leur frustration par la violence.
Je ne dis pas que le fameux MAP va opérer des miracles ou empêcher le Burundi de basculer dans une nouvelle guerre. Aussi longtemps qu’il n’y a pas de dialogue sincère qui inclut les Burundais qui ont quitté leur pays, la menace d’une guerre continuera à peser sur notre pays. Je dis simplement que ceux qui sont déçus par notre vieille classe politique ont encore la possibilité de rêver et d’exprimer leurs idées à travers d’autres plateformes.
Être jeune ne suffit pas
Malgré l’enthousiasme qu’un mouvement qui veut incarner «une nouvelle classe politique» peut susciter, nous devons toujours garder à l’esprit qu’être jeune ne suffit pas pour incarner le renouveau en politique. Mobutu Sese Seko était jeune quand il est devenu président du Zaïre, mais cela ne l’a pas empêché de devenir l’un des dirigeants les plus corrompus du monde. Chez nous, Michel Micombero était jeune quand il a créé la République, mais il est l’un des dirigeants qui ont fait le plus de mal à notre pays.
Le renouveau politique ne sera vraiment effectif que si il met fin aux virus qui empêchent notre pays d’avancer, et au premier rang desquels se trouve l’ethnisme. Quand on croit l’avoir chassé par la porte, il semble toujours trouver le moyen de rentrer par la fenêtre.