Sur financement de l’Union Européenne, il y a eu six marchés en mairie de Bujumbura qui ont été rénovés. Alors que d’autres marchés ont rouvert les portes après plusieurs rendez-vous manqués, pour Kinama et Kanyosha, l’attente dure, au grand dam des commerçants, propriétaires des stands.
Ils sont en effet plusieurs à se retrouver malgré eux au marché provisoire de Kinama, dans des kiosques en planches de bois pour certains, sous des parapluies improvisés pour les autres. Il y en a aussi qui sont en plein air, sous un soleil de plomb. Leurs soucis communs, voir le marché toujours en rénovation ouvrir les portes pour travailler dans les conditions «acceptables».
Pour Paul, vendeur des objets électriques et qui assure avoir déjà payé pour la construction de son stand, l’attente est tellement devenue longue qu’il est au fond du désespoir: «Ça fait plus d’une année et demie que j’ai payé les 690 mille francs bu exigés pour la construction d’un stand. Mais vous voyez que nous sommes toujours ici, avec un marché qui n’en est pas un réellement. Le mieux aurait été que les propriétaires des places construisent eux-mêmes les stands. Sinon, je ne me fais plus d’illusions, même 2020 peut nous trouver encore dans ce petit marché».
Et de souligner qu’il travaille à perte: «Auparavant, je pouvais enregistrer facilement un bénéfice de 100.000 Fbu par mois. Mais actuellement, je ne me contente que de 40.000 Fbu ».
Même son de cloche pour Lydia, tenancière d’un commerce de produits cosmétiques qui constate que les travaux d’installation des stands avancent à pas de tortues:« Voyez par vous-même, presque la moitié des stands ne sont pas toujours construits, vous comprenez donc que la réouverture n’est pas pour demain».
Autre marché, même discours
S’il est vrai que les travaux de rénovation du marché de Kinama n’avancent pas rapidement, à Kanyosha, la situation est pire. Les travaux d’installation de stands sont presque au point mort, et la plupart d’entre eux ne sont pas encore construits. De quoi faire réagir Béatrice*, vendeuse des matériaux de construction en face dudit marché: «La réouverture de ce marché pour bientôt? Illusion! À voir la vitesse des travaux de construction, ce n’est en tout cas pas demain que nous regagnerons notre ancien marché. Pire, on ne sait sur quel saint se vouer. Administratifs et commissaires du marché se renvoient la balle. L’on ne peut donc que se résigner».
Des propos corroborés par Vianney, tenancier d’un commerce de vivres au marché provisoire de Kanyosha sis à Nyabaranda: «Après plusieurs rendez-vous ratés, l’on se doit d’être pessimiste quand on regarde surtout l’état d’avancement des travaux».
Une réouverture remise aux calendes grecques ?
Que ce soit à Kinama ou Kanyosha, les commerçants n’ont qu’un seul vœu: la réouverture de leurs marches. Une réouverture qui reste toutefois incertaine selon le commissaire du marché de kinama :«Vous savez, les travaux d’installation des stands continuent après plusieurs mois de retard en raison des problèmes logistiques qui ont affecté l’entreprise qui effectue les travaux». Et d’avancer, imprécis : «Je peux vous assurer que d’ici deux ou trois mois, ce sera la réouverture». Un retard de réouverture qui affecte l’assiette fiscale du marché de l’aveu même du commissaire du marché.
À Kanyosha, le commissaire du marché reconnaît la diminution des recettes du marché et avance que seulement 1 million de fbu sont perçus chaque mois contre quatre millions perçus avant la réhabilitation. Quant à réouverture du nouveau marché, une source au sein de l’administration zonale n’y va pas avec le dos de la cuillère: «Pour la réouverture, l’on devra attendre un peu plus de temps eu égard à l’état d’avancement des travaux (toujours en cours) d’installation des stands».
Pour rappel, étaient concernés par la rénovation les marchés de Ngagara, Jabe, Musaga, Ruziba, Kinama, Kanyosha.
*Nom d’emprunt