Alors qu’une «femme de joie» se faisait assassiner dans la nuit de ce 9 février, probablement par un client, j’ai voulu en savoir plus sur la vie de travailleuse de sexe au Burundi. Je me suis entretenu, sans langue de bois, avec une d’elles.
Babe* a le visage avenant, mais caché derrière un maquillage envahissant. Dans la boîte de nuit surchauffée du quartier Bwiza (Escotisse), elle louvoie avec facilité entre les clients, jauge en un coup d’œil les mâles qui lui jettent des regards insistants, puis va s’attabler avec des amies, toutes aussi fardées qu’elle.
Pour l’accoster, c’est toute une équation. D’abord, envoyer le serveur lui offrir une boisson. Puis tourner le regard. Siroter tranquillement sa bière. Cinq minutes après, Babe se tient en face de moi, sourire sur les lèvres, «bajou» à la main. «Salut», crie-t-elle pour couvrir les haut-parleurs qui aboient à gorge déployée de la rumba. «Peut-on sortir discuter dans la voiture», je réponds. Elle opine du chef. Et c’est comme ça que la discussion a démarré, sur la banquette arrière d’un taxi, dans le parking improvisé le long de la quatrième avenue de Bwiza.
A.M: Comment tu t’es retrouvée ici, à faire ce travail?
Babe : Par hasard. Je vivais à Bwiza à la première avenue. À 12 ans, moi, ma grande sœur et une amie avons voulu savoir à quoi ressemblait Escotisse. Nous avons fait le mur une fois, et nous sommes venues ...