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Elles, une ode aux héroïnes en pagnes

Christine Ntahe, ancienne journaliste connue sous le surnom de Maman Dimanche, nous livre dans son recueil «Elles, Un hommage aux oubliées» les témoignages édifiants de ces femmes barundi qui se sont illustrées pendant les années sombres qu’a connues notre pays, au péril de leur vie.

Un Burundi meurtri. Un Burundi rempli de souffrance, miné par la haine, les tueries,  les viols et autres affres de la guerre. C’est l’image que l’on garde de la crise socio-politique des années 1990, une période qui a frappé de plein fouet les femmes et les enfants.

Et pourtant, dans les contrées les plus touchées par la crise, la gent féminine n’a pas que subi. Au péril de leur vie, plusieurs femmes se sont levées pour aller les unes vers les autres. Timidement, sachant qu’elles risquaient de ne plus retourner auprès des leurs, pour celles qui avaient encore de la famille, ou de leurs amis. Elles ont fait le premier pas pour la réconciliation, rassembler ceux que la violence aveugle déchirait. Huées, taxées de traîtresses, ces braves femmes, Christine Ntahe les a rencontrées lors de son passage à Search For Common Ground, quand elle animait l’émission Mukenyezi Nturambirwe (Femme n’abdique pas, ndr). Avec les différents témoignages collectés dans l’émission, elle nous gratifie de ce recueil poignant, «Elles, Un hommage aux oubliées».

Devoir de mémoire

Christine Ntahe  a voulu que le Burundais, jusqu’au fin fond du pays, sache et reconnaisse qu’il y a des femmes qui ont œuvré pour la paix. Que ces épouses, sœurs et filles barundi, la plupart ne sachant ni lire ni écrire, venant de Ruhororo à Marangara, de Kinama à Cibitoke, Busoro à Musaga, et des autres régions affectées par la crise, ne tombent pas dans l’oubli.

«J’ai eu la chance de rencontrer ces femmes exceptionnelles. Ce qu’elles ont fait pour leurs communautés est absolument hors du commun.  Quand j’ai fait passer leurs témoignages à la radio, j’ai aussi tout retranscrit. Mais avec le temps, les pages jaunissaient», se remémore-t-elle avant d’ajouter, avec passion: «Hélas, nous les Burundais, nous avons la mémoire courte. Nous oublions avec le temps le bien qui nous a été fait. Alors, j’ai eu à cœur de partager la bravoure, l’Ubuntu de ces mamans  qui ont transcendé leurs différences ethniques pour aller vers l’autre, dans une période où cela était absolument impensable.»

Mais qui sont-elles justement?

Dans ce recueil de 136 pages, vous y rencontrerez des Burundaises de plusieurs profils.  Il y a par exemple Georgette Mahwera de Kinama, qui a rassemblé d’autres femmes pour jouer au football, en pagnes. Petit à petit, les gens venaient par curiosité, pour voir des femmes taper dans le ballon, si maladroitement. Mais c’est de là que naissent les rencontres. Les gens qui avaient fui Kinama et Cibitoke recommencerent alors à se parler, à se fréquenter.

Et puis, de Busoro à Musaga, il a fallu le courage d’Yvonne Ryakiye, femme hutue de Busoro, et Régine, femme tutsie de Musaga, pour pousser à la réouverture du marché de Musaga et des écoles fermées pendant la crise. Et encore et encore d’autres femmes, qui ont rassemblé leurs communautés. Ces héroïnes, Christine Ntahe ne veut pas qu’elles finissent aux oubliettes. Et c’est la raison d’être de ce recueil.

 

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