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Bujumbura : être populaire… À quel prix ?

Restaurants chics, bars branchés, vêtements et sacs de marque, … Vous les avez déjà vues, ces filles qui ont une vie de rêve sur les réseaux sociaux. J’ai voulu leur ressembler. À mes dépens.

Le gros de mes journées, je le passais sur les réseaux sociaux. Je trouvais que c’était un bon moyen de passer le temps. Je m’appelle Nadia (pseudo), j’ai 24 ans et je suis étudiante. Mon réseau préféré est Instagram. Je pouvais y passer des heures à m’abreuver de nouvelles tendances surtout en matière de mode et de beauté, mes passions.

Toutes ces filles, qui postaient chaque jour une photo d’elles, dans des vêtements chics, au resto, à la plage, dans des soirées, je les enviais grave. Je voulais leur ressembler. Avoir leur vie. Être au top comme elles. Il y avait particulièrement un groupe de cinq filles qui me fascinait. Je les trouvais tellement belles et elles semblaient avoir une vie tellement parfaite… Elles étaient «à la page» comme on dit. Qu’est-ce que ma vie et ma page Instagram paraissaient bien insignifiantes à côté de leurs milliers d’abonnés, de likes et de commentaires sur leurs photos… Je rêvais moi aussi d’avoir une telle vie.

Et si je faisais pareil?

Un jour, une idée fit tilt dans ma tête. Il fallait à tout prix que je trouve un moyen de me rapprocher de ces filles. Je contactai une amie que nous avions en commun et je réussis à me faire inviter à une de leurs «party». J’étais fière de moi. Ça y est! J’allais enfin côtoyer de près la crème de la crème de la capitale. C’est à partir de là que je m’introduisis dans leur monde. Enfin, j’avais ce que je voulais. Des soirées de folie, des selfies, des sorties dans des endroits branchés de la capitale. Tant pis si tout mon argent de poche y passait… Mais ce que j’ignorais, c’est que tout cela avait un prix.

Rien n’est gratuit dans la vie…

Un jour, alors que comme d’habitude nous étions assises dans notre bar préféré à siroter un cocktail et à fumer de la chicha,  je vis un homme arriver vers nous. Des cris de joie fusèrent autour de la table et j’entendis une des filles hurler : «Manaja arashitse!» (le manager arrive!). Après quelques plaisanteries ici et là, l’homme prit place à côté de moi. J’avais remarqué son regard insistant depuis son arrivée et là, commença alors une vraie drague tout le long de la soirée. Des mots doux, des promesses, des caresses insistantes, mais il ne m’intéressait pas.

Au bout d’un moment, voyant que je restais indifférente à tous ses efforts, il sortit de la poche de son pantalon une liasse de billets et me les posa carrément sur les genoux. Le message était clair. Je sentis la colère m’envahir et je ne pus m’empêcher de lui dire ses quatre vérités et ce, devant le regard ahuri des filles. Quelle ne fut ma surprise quand j’entendis une des filles lancer avec dédain, en désignant notre table bien garnie: «Reka kwigira akamalayika sha, rya ayo mahera! Waruzi ngo biva hehe?», (ne fais pas ta sainte nitouche, accepte cet argent! Tu crois que tout ça vient d’où?)». Horrifiée, je regardai une à une ces filles et la vérité m’éclata au visage. Dans quel merdier m’étais-je fourrée?    

 

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