Les candidats du Front commun pour le Congo (FCC), coalition des partisans de l’ex-président, ont remporté dès le premier tour 16 des 22 sièges lors de ce scrutin au suffrage indirect, d’après les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale.
Le propre frère de Joseph Kabila, Zoé, a été élu gouverneur de la province du Tanganyika dans le sud-est.
Dans la capitale Kinshasa, le poste de gouverneur a été remporté par un autre membre du FCC, Gentiny Ngobila. Il s’agit de l’ancien gouverneur de la province du Mai-Ndombe (Sud-Ouest), où des violences ont fait au moins 500 morts d’après les Nations unies les 15 et 16 décembre 2018 à Yumbi.
La ministre des Droits humains et porte-parole du gouvernement, Marie-Ange Mushobekwa, a récemment indiqué que M. Ngobila serait entendu par la justice à propos de ces tueries, visiblement planifiées, qui ont visé une communauté locale, les Banunu.
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du nouveau président Félix Tshisekedi et ses alliés n’ont remporté qu’un seul poste de gouverneur, dans la province du Kasaï-Oriental, région d’origine du chef de l’État.
Une province – la Mongala – tombe dans l’escarcelle de la coalition Lamuka qui soutenait la candidature de Martin Fayulu, l’opposant qui revendique toujours la victoire à l’élection présidentielle du 30 décembre.
Les gouverneurs ont des pouvoirs importants dans l’immense RDC. Ce sont par exemple eux qui décident d’autoriser ou d’interdire une manifestation.
Certains vainqueurs pro-FCC s’étaient présentés en candidat indépendant ou dissident. C’est le cas de Jean Bamanisa Saidi dans la province aurifère de l’Ituri et d’Atou Matubuana dans la province du Kongo-central (ouest de Kinshasa).
Quatre provinces sont en ballotage et le second tour est annoncé pour samedi.
Avant le scrutin, des militants échaudés par la corruption présumée de leurs "grands électeurs" – les députés provinciaux – se sont mobilisés dans plusieurs villes congolaises.
– Majorité absolue –
L’élection des gouverneurs a été organisé d’un mois après celle des sénateurs par les mêmes députés provinciaux, dont certains ont été accusés de monnayer chèrement leur voix. Les sénatoriales avaient été remportées haut-la-main par les partisans de l’ex président Joseph Kabila.
Le président Félix Tshisekedi avait suspendu l’installation des sénateurs avant de lever cette mesure sur la base des résultats d’un rapport préliminaire d’enquête judiciaire sur les forts soupçons de corruption.
A Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï oriental, des conducteurs de motos ont fait le tour des résidences des députés provinciaux pour les mettre en garde contre l’élection d’un gouverneur membre du FCC.
Le Kasaï Oriental est la région d’origine du nouveau président, Félix Tshisekedi, issu de l’opposition et proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de décembre dernier.
A Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo (nord-est), des jeunes ont manifesté aux abords du siège de l’Assemblée provinciale où un dispositif sécuritaire important était déployé.
Dans des tracts distribués dans cette ville, des associations locales ont réclamé "l’alternance et le changement de la classe dirigeante". Dans cette province, deux candidats du FCC sont en ballotage.
Dans la capitale Kinshasa, le dispositif policier avait été renforcé près du siège de l’Assemblée provinciale où les entrées étaient filtrées. Une personnes au moins a été blessé, selon un journaliste de l’AFP.
Le FCC dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale et au Sénat, ce qui lui permet de prendre le contrôle du futur gouvernement, que le président Tshisekedi doit encore nommer près de trois mois après son investiture le 24 janvier.
L’élection des gouverneurs sera organisée ultérieurement dans les provinces du Nord-Kivu et de Mai-Ndombe, où le processus électoral a pris du retard en raison des violences et de l’épidémie d’Ebola à Beni-Butembo (Nord Kivu).
L’élection des gouverneurs a aussi été reportée dans les deux provinces du Sud-Ubangi et du Sankuru "pour des raisons sécuritaires", a indiqué le président de la Commission électorale, Corneille Nangaa, sans plus de précision.
Avec AFP
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