Accusé de liens avec le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), un groupe islamiste armé basé dans le nord du Mali, l’imam Boubacar Dianko était poursuivi pour "association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté de l’Etat en relation avec une entreprise terroriste". Arrêté en janvier 2013 à Kédougou (sud-est), il était depuis en détention provisoire.
Lycéen en classe de terminale à Mbour (ouest), Saër Kébé était en détention provisoire depuis mai 2015, après avoir posté sur Facebook un message ciblant les ambassades américaines et israéliennes. Il était poursuivi pour "apologie du terrorisme, actes de terrorisme et menaces".
Lors du procès le 27 mars devant le tribunal correctionnel de Dakar, le parquet avait requis la perpétuité pour l’imam Dianko et cinq ans de travaux forcés pour Saër Kébé.
Le président de la chambre criminelle du tribunal a toutefois expliqué mercredi qu’il existait un "doute sérieux en ce qui concerne l’affiliation au Mujao" de l’imam Dianko et l’a "acquitté de l’ensemble des faits" qui lui étaient reprochés.
Le tribunal a également jugé que les faits liés au terrorisme à charge de Saër Kébé "ne sont pas suffisamment établis" et l’a acquitté de ces préventions, le condamnant toutefois à trois mois de prison avec sursis pour les "menaces" proférées contre les ambassades. Le jeune homme a fondu en larmes à l’énoncé du verdict.
Au Sénégal, "beaucoup de personnes sont arrêtées sans aucune preuve. Les forces de défense et de sécurité font des arrestations préventives qui violent les droits de l’homme", a réagi l’avocat de M. Kébé, Me Moussa Sall, en dénonçant la durée de la détention provisoire de son client.
Pays réputé pour sa tolérance religieuse, le Sénégal compte plus de 90% de musulmans, adhérant pour la plupart à l’islam soufi, représenté par différentes confréries. Il a été jusqu’à présent épargné par les attentats jihadistes qui ont frappé d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Mais il a renforcé la sécurité dans les lieux publics après les attentats qui ont touché depuis 2016 le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, alors que le Mali voisin est le théâtre d’attaques jihadistes quasi quotidiennes.
En juillet 2018, un tribunal de Dakar avait condamné 13 personnes poursuivies pour "terrorisme" à des peines allant de cinq à 20 ans de travaux forcés, mais 15 autres prévenus, dont un célèbre imam de Kaolack, Alioune Ndao, avaient été acquittés.
En février, un autre étudiant en détention provisoire depuis plus de quatre ans a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme" sur Facebook dans la foulée de l’attaque à Paris contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
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