En début d’après-midi, une fusillade a éclaté autour du camp militaire de Kandani, le plus grand de Moroni, ont rapporté des témoins interrogés par l’AFP.
Selon des sources concordantes, ces échanges de tirs ont opposé la garnison à un groupe d’hommes armés qui venait de faire évader de la prison de Moroni un officier condamné pour tentative de coup d’Etat contre le régime, le commandant Faissoil Abdou Salam.
Les tirs ont cessé deux heures plus tard, a rapporté un journaliste de l’AFP sur place.
"La situation est sous contrôle (…), maintenant on s’occupe des blessés", a déclaré à l’AFP le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou dit "Kiki", sans plus de précisions.
Au moins un militaire a été blessé, a constaté l’AFP.
Ces affrontements ont provoqué un début de panique dans les rues de la capitale, qui se sont rapidement vidées. L’accès à la présidence et la résidence du chef de l’Etat a été prestement bouclé par les forces de l’ordre, a témoigné à l’AFP une source occidentale dans la capitale.
Ces échanges de coup de feu sont survenus peu après l’arrestation jeudi de l’un des principaux rivaux du président Azali, le colonel Soilihi Mohamed, dit "Campagnard".
– ‘Transition’ –
Arrivé quatrième du scrutin présidentiel de dimanche, cet ancien chef d’état-major de l’armée très respecté venait d’annoncer avoir pris la tête d’un "comité national de transition" afin de "régler la crise post-électorale" et "assurer une transition pacifique".
"Le scrutin du 24 mars a été une tromperie, une mascarade et une honte, (…) nous allons organiser la résistance", a-t-il poursuivi, exhortant la population à "désobéir civilement" si le vote de dimanche n’était pas annulé d’ici au 3 avril.
A la tête du pays de 1999 à 2006, élu en 2016, le colonel Azali a été reconduit dès le premier tour du scrutin avec 60,77% des suffrages, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale.
L’opposition a hurlé au "hold-up" ou au "coup d’Etat électoral", dénonçant les "fraudes massives" du camp présidentiel.
Les ONG comoriennes et de nombreux observateurs étrangers ont largement confirmé les irrégularités relevées par les douze adversaires du chef de l’Etat sortant.
Le colonel Soilihi était toujours entendu jeudi après-midi par les gendarmes, selon une source militaire.
"Il s’agit simplement de lui rappeler qu’il y a des textes dans ce pays et que, s’il veut contester les résultats des élections, il doit le faire devant les instances compétentes, pas dans la rue ou ailleurs", a justifié le ministre de l’Intérieur.
Les douze candidats opposés au colonel Azali avaient dénoncé dès dimanche de nombreuses irrégularités dans la tenue du scrutin présidentiel.
– Nouveau scrutin –
Lundi, une centaine de leurs partisans qui protestaient contre la "fraude généralisée" avaient essuyé des tirs de grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc de la part des forces de l’ordre.
Jeudi matin encore, les gendarmes ont dispersé une centaine de femmes issues de la société civile qui voulaient déposer au siège de la Cour suprême, en charge du contentieux électoral, une motion exigeant "l’annulation immédiate de ce scrutin et l’invalidation des résultats annoncés".
Douze d’entre elles ont été interpellées par les forces de l’ordre puis relâchées à la mi-journée.
L’opposition comorienne a fait savoir qu’elle ne déposerait aucun recours devant la Cour suprême, qu’elle juge inféodée au régime, et exige elle aussi la tenue d’un nouveau scrutin "dans les plus brefs délais".
Le ministre de l’Intérieur a balayé toutes les critiques sur la régularité du scrutin et interdit toute manifestation jusqu’à nouvel ordre. "Ce n’est pas la rue qui va diriger le pays", avait-il assuré lundi.
Jeudi matin, le ministre a ordonné la saisie de La Gazette des Comores, qui a annoncé en "Une" la création du "conseil national de transition" de l’opposition, a rapporté à l’AFP un membre de la rédaction du quotidien.
Depuis des mois, l’opposition dénonce la "dictature" du président Azali. Il a dissous la Cour constitutionnelle, modifié la Constitution dans un sens qui pourrait lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2029 et arrêté des dizaines d’opposants.
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