Le chef de l’Etat algérien, 81 ans, au pouvoir depuis deux décennies, a annoncé dimanche cette candidature dans un "message à la Nation" diffusé par l’agence officielle APS.
A moins d’un mois de la clôture officielle des candidatures, le 3 mars à minuit (23H00), cette annonce met fin à d’interminables spéculations, entretenues par le silence de M. Bouteflika sur ses intentions, malgré les appels insistants de son camp depuis avril dernier à ce qu’il se représente.
Cette candidature semblait toutefois acquise depuis une semaine, l’Alliance présidentielle, coalition des quatre partis qui le soutiennent, ayant désigné le 2 février M. Bouteflika comme leur candidat.
Samedi, son propre parti, le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), membre de l’Alliance avait organisé un grand rassemblement de soutien au chef de l’Etat.
Cloué dans un fauteuil roulant par un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, le président Bouteflika n’apparaît plus que rarement en public -la dernière fois le 1er novembre 2018- et ne s’exprime plus publiquement.
En 2014, c’est son Premier ministre Abdelmalek Sellal qui avait annoncé la candidature du président sortant.
Dans son "message à la Nation" diffusé dimanche par l’APS, M. Bouteflika, en annonçant sa candidature, devance les critiques sur son état de santé, qui selon certains de ses opposants, le rend inapte à gouverner.
– "Forces physiques" –
"Bien sûr, je n’ai plus les mêmes forces physiques qu’avant, chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple", écrit le chef de l’Etat, "mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté".
Il désamorce également les critiques de ceux qui l’accusent de vouloir accaparer, à son profit ou celui de son clan, le pouvoir, en promettant, s’il est élu, la convocation d’une "Conférence nationale" regroupant "toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation".
Cette conférence sera chargée de faire émerger un "consensus sur les réformes et les changements" que devra engager l’Algérie, indique M. Bouteflika, qui précise toutefois que c’est lui qui s’occupera de la concrétisation des conclusions de la conférence.
Parmi les thèmes qui seront abordés figurent, entre autres, "une présence plus forte des jeunes" au sein des institutions politiques, la volonté de "vaincre le fléau de la bureaucratie", la "mise en place de mécanismes de démocratie participative", ou encore réformes économiques "sans dogmatisme aucun".
Dans le même temps, Abdelmalek Sellal a été nommé directeur de campagne de M. Bouteflika, dont il a déjà dirigé les trois précédentes campagnes présidentielles (2004, 2009 et 2014).
"Le candidat vient avec un projet fort et nouveau pour poursuivre ses réalisations au bénéfice des Algériens avec de nouvelles réformes politiques et économiques", a déclaré M. Sellal, à la télévision privée Ennahar.
Pour l’heure, seuls Abderrazak Makri, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP),principal parti islamiste algérien, et le général à la retraite Ali Ghediri, pourfendeur du pouvoir et jusqu’ici inconnu du public algérien, ont annoncé leur intention de se porter candidat le 18 avril.
Le principal adversaire de M. Bouteflika en 2004 et 2014, son ancien Premier ministre Ali Benflis n’a pas encore annoncé s’il se présenterait.
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