LE JOURNAL.AFRICA
ECONOMIE

Vers une action concertée contre l’insécurité alimentaire en Afrique Centrale et de l’Est

L’insécurité alimentaire préoccupe grandement les bureaux sous-régionaux pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Cette problématique a été au centre des débats lors de la 4e session du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et des experts, qui s’est déroulée à Bujumbura, la capitale économique du Burundi.

Sous la direction du Premier ministre burundais, Gervais Ndirakobuca, les membres du comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et experts en Afrique centrale et de l’Est se sont rassemblés à Bujumbura du 26 au 29 septembre pour discuter du développement économique et social. Le thème principal était de promouvoir l’Afrique centrale et de l’Est en tant que destinations d’investissement attractives et de renforcer la sécurité alimentaire. Des discussions approfondies ont eu lieu sur la façon de résoudre l’insécurité alimentaire et d’augmenter la productivité agricole.

« La hausse du prix des intrants et des denrées alimentaires méritaient d’être résolus par les pays eux-mêmes grâce notamment à l’autonomisation des entrepreneurs, des femmes et des jeunes, pour davantage de productivité », précise Gervais Ndirakobuca.

Andrew Mold, économiste en chef de la CEA/BSR-AE, et Mamadou Malick Bal, Économiste de la CEA/BSR-AC, ont souligné au cours de leurs présentations l’importance de stimuler la productivité des petits exploitants agricoles afin de relever le défi lié à la pression de l’inflation alimentaire.

Pour le Dr. Kalo Amadou Ouattara, Expert en développement de l’élevage chez FAO, il faudrait renforcer les systèmes nationaux de contrôle alimentaire sur le continent, notamment par le biais de l’évaluation des capacités et du développement des compétences des agents de contrôle.

Dr. Ouattara a également insisté sur l’importance d’une coordination et d’une collaboration accrues entre les institutions publiques et privées tout au long des chaînes de valeur agricoles et alimentaires en Afrique pour garantir efficacement la sécurité sanitaire des aliments produits et commercialisés sur le continent, et ainsi protéger la santé des consommateurs africains.

Les droits de douane est une entrave d’insécurité alimentaire

Andrew Mold et Simone Assah Kuete ont mis en évidence la pression croissante exercée sur le système alimentaire mondial, confronté à une série de chocs menaçant la sécurité alimentaire et la nutrition de millions de personnes. Parmi ces défis, on compte une pandémie prolongée, des catastrophes naturelles majeures, l’instabilité politique, les impacts grandissants du changement climatique, et la guerre en Ukraine, qui exacerbent la crise alimentaire mondiale.

Environ 68 % des personnes souffrant de la faim en Afrique se trouvent en Afrique de l’Est et en Afrique centrale. L’Afrique détient 65 % des terres arables non exploitées dans le monde, avec plus de 60 % de la population active africaine travaillant dans le secteur agricole, et bénéficiant de sols riches et fertiles dans la plupart des régions du continent.

Malgré ces atouts, la productivité alimentaire reste très faible en Afrique, faisant de ce continent la région la plus dépendante des importations alimentaires à l’échelle mondiale.

Lire : Burundi : l’inflation des prix de denrées alimentaires, une réelle menace à la sécurité alimentaire

Pour eux, une analyse de la configuration de la balance commerciale alimentaire intra-africaine met en évidence que certains pays enregistrent des excédents tandis que d’autres souffrent de déficits alimentaires. Cette disparité offre une assise solide pour le commerce alimentaire en Afrique. Cependant, ce commerce est entravé par des droits de douane élevés et d’importantes barrières non tarifaires.

Lors de cette séance, les membres du CIE ont recommandé de réduire les risques associés à l’agriculture afin de stimuler les investissements du secteur privé et d’établir des institutions financières spécialisées dans l’agriculture. Ils ont également préconisé de s’attaquer au problème des pertes alimentaires, qui représentent 40 % des pertes de la ferme à la table, en investissant dans la logistique et les infrastructures. De plus, ils ont appelé à fournir un soutien aux femmes travaillant dans le secteur agricole pour qu’elles puissent bénéficier de conseils appropriés sur l’utilisation efficace d’intrants de qualité.

Prosper Aobe

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