Thomas Sankara était un homme d’État, anti-impérialiste et un révolutionnaire Burkinabè. Sankara, était aux yeux de plusieurs, un socialiste, panafricaniste et puis burkinabè. Actuellement, le pays se replonge dans une crise politique et il subit des sanctions de la CEDEAO.
Thomas Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso. Thomas Isidore Noël Sankara est fils d’un père peul et d’une mère mossi. Il a grandi entre valeurs militaires et religiosité chrétienne. Son père est un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. De lui, a vu naissance la première révolution burkinabè.
Il a voulu également le changement du nom de Haute-Volta issu de la colonisation en un nom issu de la tradition africaine : Burkina Faso, qui est un mélange de moré et de dioula et signifie Pays [ou Patrie] des hommes intègres.
Son chemin vers la révolution démocratique et populaire
Durant ses études à Madagascar, Sankara assiste, en 1972 à la révolution qui conduit à la fin du régime de Philibert Tsiranana. Cela l’amène à concevoir l’idée d’une « révolution démocratique et populaire ». De retour en Haute-Volta en 1973 avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté à la formation des jeunes recrues.
Dans sa conception de la formation militaire, T. Sankara a inclut un enseignement sur les droits et les devoirs du citoyen. Il insistait sur la formation politique des soldats. « Sans formation politique patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance », avait-il coutume de dire.
En 1976, il participe, avec d’autres officiers militaires, à un stage d’aguerrissement au Maroc. Ensemble, ils fondent le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo, Boukary Kabore, Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Boukary Lingani.
Dégradé pour avoir soutenu la grève.
Populaire, il est nommé en septembre 1981 secrétaire d’État. Il a démissionné en réaction à la suppression du droit de grève par le gouvernement Zerbo. Le 21 avril 1982, en direct à la télévision, il a déclaré : « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ». Il est alors dégradé et chassé de la capitale.
Sankara devient Premier ministre en janvier 1983 d’un Conseil de salut du peuple (CSP), position acquise grâce au rapport de forces favorable au camp progressiste au sein de l’armée.
Sa rupture avec le néocolonialisme français
Dès son accession à la primature, Sankara se prononce ouvertement pour la rupture du rapport « néocolonial » qui lie la Haute-Volta à la France. Il poursuit sur cette ligne en invitant, en avril, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
« Lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble. L’impérialisme qui nous regarde est inquiet. Il tremble. L’impérialisme se demande comment il pourra rompre le lien qui existe entre le CSP [le gouvernement] et le peuple. L’impérialisme tremble. Il tremble parce qu’ici à Ouagadougou, nous allons l’enterrer ».
Le 17 mai, il est limogé et mis en résidence surveillée, sous la pression de la France. Des manifestations populaires soutenues par les partis de gauche et les syndicats contraignent le pouvoir à libérer Sankara.
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Son programme du refus d’un état de survie
Le 4 août 1983, Sankara est placé à la présidence par un coup d’etat militaire. Il déclare ses principales préoccupations.
« Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que, sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance », donne-t-il son projet de société.
La trahison régionale et sa mort
En 1985, Plusieurs régimes africains proches de Paris organisent une tentative de déstabilisation du Burkina Faso afin de favoriser le renversement de Thomas Sankara. Le régime malien du président Moussa Traoré, soutenu par la Côte d’Ivoire et le Togo, fait circuler des rumeurs attribuant à des militaires burkinabés une violation de la frontière et entre en guerre.
Le 15 octobre 1987, étant en réunion avec 6 personnes de son cabinet, pour voir comment mettre en place un parti politique, il a été tué avec ses 5 compagnons, par un commando y faisant irruption. Le même soir, le communiqué est lu à la radio, faisant état de démission de Sankara et son remplacement par Blaise Compaoré.
La même nuit, Thomas Sankara et ses camarades sont enterrés sans tombe au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou par une vingtaine de détenus réquisitionnés pour l’occasion. Plus tard, de simples tombes en ciment sont édifiées. Plusieurs jours après, le certificat de décès de Sankara, publié dans la presse, indique qu’il est décédé de mort naturelle.
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Eric Niyoyitungira