De l’Est à l’Ouest de la RDC, de graves violations des droits humains notamment des tueries, des viols et des pillages ont été enregistrés à l’entrée des éléments de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL).
Peu avant, à la fuite des membres des différents services de sécurité du Président Mobutu, des Forces Armées Zaïroise, les ex-FAR/Interahamwe et des réfugiés rwandais auraient tué de nombreux civils et commis des viols. Pendant ce temps à Kisangani, ils ont également pillé de nombreux biens civils et des bâtiments publics, détruisant des infrastructures, parmi lesquelles des hôpitaux, des centres sanitaires, des écoles et des lieux de culte.
Dans son rapport, l’équipe Mapping des Nations Unies indique avoir documenté en avril 2009 plusieurs incidents commis par les FAZ. Elle dit qu’en mars 1997, des éléments des FAZ ont pillé l’hôpital général, le couvent des missionnaires du Sacré-Cœur et l’école primaire d’Ekombo de la localité d’Ikela, dans le district de la Tshuapa.
Parlant des entretiens réalisés au cours du mois d’avril de la même année, l’équipe Mapping fait savoir que des réfugiés rwandais ont pillé la mission catholique de Yalisele et l’hôpital de Yoseki, dans le territoire de Djolu, et volé 76 vaches dans une ferme du village de Mondombe, en territoire de Bokungu, dans le district de la Tshuapa.
Le 19 avril, des éléments des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR) ont volé le bétail et pillé les biens de la paroisse protestante de Deke, à 68 kilomètres de Bokungu ; lit-on dans le rapport Mapping, qui cite des témoignages recueillis par l’équipe des enquêteurs envoyée par le Secrétariat Général de l’ONU.
Dans ce même rapport, il est écrit : « Vers la mi-mai 1997, des militaires de la Division spéciale présidentielle (DSP) ont pillé l’école Bwa Félix, l’hôpital du CDI (Center for Development and Integration) ainsi que les résidences de certains anciens dignitaires du régime de Mobutu dans la localité de Wapinda du territoire de Yakoma, dans le district du Nord-Oubangui. Du 17 au 20 mai 1997, des éléments des FAZ et de la DSP ont tué un nombre indéterminé de civils et pillé systématiquement des biens dans la ville de Gbadolite ».
Pendant cette même période, relate le rapport Mapping, les FAZ et les éléments des ex-FAR/Interahamwe ont commis de nombreuses agressions contre les femmes vivant dans les villages de la région. Les ex-FAR/Interahamwe ont aussi tué des civils lorsque ces derniers avaient refusé de les laisser piller leurs biens.
Un nombre indéterminé de civils a été tué dans le groupement d’Ene, à 10 kilomètres d’Ikela, dans le district de la Tshuapa par des éléments des ex-FAR/Interahamwe. Dans le village de Moma, ils ont tué un civil à qui ils avaient volé sa nourriture, pendant que dans celui de Yali, ils ont tué un homme qui avait refusé de leur céder une chèvre. Ils ont aussi tué un garçon de 9 ans au cours d’une attaque contre le village d’Ene-Punga.
En ce même mois d’avril 1997, ces mêmes éléments ont tué un homme qui avait refusé de leur céder son bétail dans le village d’Ilombo du territoire d’Ikela. En mai 1997, deux civils ont été tués, dont une jeune fille mineure, sur la route entre Mpenda et Iyembe, deux villages situés à 120 kilomètres de Mbandaka, dans le territoire de Bikoro du district de l’Équateur.
A l’entrée dans la province de l’Equateur, des troupes de l’AFDL et ses alliés Rwandais de l’APR n’ont pas rencontré de réelle résistance au cours de leur progression.
L’équipe Mapping des Nations Unies souligne que les combats se sont limités à quelques accrochages avec des éléments des ex-FAR/Interahamwe autour de Lolengi, dans le territoire de Boende, et à des affrontements avec des éléments de la DSP au niveau de Wapinda, au cours de leur progression de l’Equateur vers Kinshasa.
« Dans l’ensemble, la population de l’Équateur a plutôt bien accueilli les troupes de l’AFDL/APR à leur arrivée. Toutefois, les massacres de masse commis en public contre les réfugiés rwandais, l’exécution sommaire de nombreux civils, les arrestations arbitraires, les tortures et autres mauvais traitements infligés à la population ont rapidement détérioré leurs relations avec les locaux » ; renchérit l’Équipe Mapping, qui dresse un tableau sombre sur des incidents allégués qu’elle a documenté. C’est entre autres :
• Vers la mi-mai 1997, des éléments de l’AFDL/APR ont tué sept civils originaires des environs du village de Vabesu, à 8 kilomètres de Wapinda, dans le territoire de Yakoma. Les victimes avaient été enlevées par les militaires afin qu’elles leur montrent où se cachaient des militaires de la DSP. Elles ont été fusillées et leurs corps enterrés dans une fosse commune.
• Vers le 16 mai 1997, à Mbandaka, des éléments de l’AFDL/APR ont exécuté le chef de la collectivité Losanganya au port PLZ, actuellement port Endundu. Le chef, soupçonné d’avoir informé les autorités de Mobutu des massacres de réfugiés dans sa collectivité, avait été arrêté chez lui au village de Djoa, le 14 mai, et acheminé à Mbandaka. Son corps n’a jamais été retrouvé.
• Le 28 ou le 29 octobre 1997, des militaires des FAC/APR434 ont tué neuf civils dans le village de Baenga du territoire de Basankusu. Ils ont aussi commis plusieurs viols.
Les troupes de l’AFDL et ses alliés Rwandais ont également réussi à éliminer de nombreux civils soupçonnés d’avoir aidé les ex-FAR/Interahamwe et les groupes armés hutu burundais, d’avoir participé aux tueries des Tutsi/Banyamulenge, d’avoir aidé les réfugiés en fuite ou de soutenir le régime du Président Mobutu.
Après l’arrivée au pouvoir à Kinshasa du Président Laurent-Désiré Kabila, les forces de sécurité du nouveau régime auraient commis, par la suite, de graves violations des droits de l’homme à l’encontre des civils considérés comme hostiles au nouveau régime et au maintien de la présence des militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise sur le territoire congolais
Thierry M RUKATA