Propharm, retenez bien ce nom, c’est celui de la première entreprise de fabrication de médicaments génériques au Burkina Faso. Propharm a été officiellement inaugurée lundi 22 août par le Premier ministre burkinabé. C’est une initiative entièrement privée, financée par des capitaux ouest-africains. L’Usine qui a coûté quinze milliards de francs CFA fabrique pour l’instant trois médicaments génériques, dont le paracétamol, et en proposera, à terme, une dizaine au total.
Au début des années 2000, Armel Coefé est pharmacien, il travaille pour un comptoir d’achat de médicaments génériques. À l’époque, son pays, le Burkina Faso, se tourne vers les producteurs indiens et chinois. Il raconte. « On s’est posé la question de savoir comment était-il possible que l’on fasse venir de l’eau et du sucre, c’est-à-dire du sérum glucosé, d’Inde et de Chine. Je trouvais que c’était un peu absurde. Et en tant que pharmacien, je me suis demandé si l’on ne pouvait pas fabriquer au moins ça, ici. »
Le projet va murir lentement dans les têtes d’un petit groupe de pharmaciens ouagalais regroupés autour d’Armel Coefé. En 2017, ils trouvent un partenaire financier, Cauris Invest Group, prêt à débourser 15 milliards de francs CFA dans une usine de fabrication de médicaments génériques. Les travaux démarrent en 2019 et s’achèvent cette année. « Nous avons une chaîne complète qui nous permet de faire de la granulation, du mélange, du remplissage de gélules, de la compression, de l’enrobage et ensuite de la mise sous blister de dix gélules » ajoute Armel Coefé.
Trois médicaments produits
Propharm propose aujourd’hui trois médicaments dont le paracétamol et les sels de réhydratation pour enfants victimes de diarrhées. À terme, dix produits différents sortiront des chaînes. Cette première usine de génériques burkinabés a aussi le mérite d’aider à combattre les faux médicaments qui pullulent en Afrique.
« Le circuit long entre la production en Inde et la commercialisation dans nos pays crée une opportunité pour certains trafiquants d’introduire des faux médicaments, affirme Simon Kaboré, le directeur exécutif régional du réseau d’accès aux médicaments essentiels. Mais si ces médicaments sont produits localement, cela raccourcit le circuit et minimise les chances de voir introduits de faux médicaments. On a vu aussi, avec la Covid-19, que les chaines internationales sont très facilement perturbées, et l’Inde, elle-même, était débordée et produisait davantage pour sa population que pour nous, alors que si nous avons la capacité de produire localement, nous pouvons sécuriser notre approvisionnement, quel que soit le contexte sanitaire international. »
Face à la concurrence internationale, Propharm a dû ajuster ses coûts. La marge bénéficiaire est d’autant plus faible que l’entreprise veut aussi respecter son engagement de responsabilité sociale. « On a aussi un devoir, c’est celui de rendre les médicaments accessibles, c’est un peu la contrepartie du fait d’avoir été accompagné par l’État en termes d’agrément au code des investissements, explique Armel Coefé. Cet agrément nous donne un certain nombre de détaxes. »
La rentabilité viendra peut-être du marché régional, car Porpharm a les capacités industrielles de produire pour les pays voisins.
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