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Présidentielle au Kenya: un bras de fer qui tourne au dialogue de sourd

Mercredi 17 août, Raila Odinga et sa coalition ont confirmé qu’ils allaient déposer un recours devant la cour suprême pour contester l’annonce de la victoire de William Ruto par le président de la commission électorale lundi. Pendant ce temps, William Ruto, lui, présentait les priorités de son futur gouvernement devant les élus de sa coalition, presque comme si de rien n’était.

Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice

Le clan de Raila Odinga persiste. Ce mercredi, les élus de sa coalition ont approuvé le dépôt d’un recours devant la cour suprême pour tenter faire annuler la victoire de William Ruto. Le mot d’ordre : ne pas baisser les bras et continuer malgré les circonstances à se montrer confiant, à l’image de Martha Karoua hier, la colistière de Raila Odinga. « Notre victoire est différée, mais elle va arriver. Et c’est un message qui s’adresse à tout le monde. Merci de votre soutien. Nous ne vous laisserons pas tomber. »

Au même moment, William Ruto, endossait le costume présidentiel dans un discours devant les élus de sa coalition. Il n’a pas cité le nom de Raila Odinga et seulement évoqué brièvement la contestation de son élection. Sa stratégie : aller de l’avant et montrer qu’il se projette déjà dans l’action de son futur gouvernement. 

« Les attentes du peuple kényan sont immenses et nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de perdre du temps. Nous allons bientôt, dès que le processus sera terminé, prendre des mesures pour nous assurer de diriger un gouvernement transparent, démocratique et responsable ».

William Ruto a également promis que sa gouvernance transcenderait les clivages ethniques et a juré de veiller à ce que les fonctionnaires servent « tous les Kényans de manière égale », indépendamment de leur « ethnie » ou de leurs « affiliations politiques ».

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Polémique au sein de la Commission électorale

Que s’est-il passé dans les coulisses de la commission électorale kenyane lundi ? Alors que tout le monde attendait l’annonce des résultats de la présidentielle, 4 des 7 commissaires ont fait dissidence, et désavoué les résultats, en dénonçant un processus « opaque ». Mercredi 17 août, le président de cette commission électorale, Wafula Chebukati a donné hier sa version des faits.

Selon le président de la commission électorale, tout se serait joué autour de 15 h lundi. Au cours d’une réunion, les quatre commissaires qui allaient ensuite faire défection auraient tenté de faire pression sur lui pour qu’il accepte de trafiquer les résultats donnant William Ruto vainqueur afin de provoquer un second tour. Wafula Chebukati assure s’y être opposé. « Cela équivaut à subvertir la Constitution et la volonté souveraine du peuple » dénonce-t-il dans son communiqué. Il affirme également que plusieurs membres de son personnel continuent d’être « harcelés et intimidés » et que par conséquent les élections locales qui n’ont pas pu se tenir le 9 août, et avaient été ajournées au 23, sont à nouveau repoussés. 

Il assure qu’en tant que président de la commission, il était tout à fait fondé à annoncer les résultats, quand bien même quatre commissaires s’y opposaient. Mercredi, ces derniers ont tenté de préciser leurs accusations, mais une partie de leur argumentaire reposait sur une erreur de calcul, ce qui leur a valu des critiques, voire des moqueries sur les réseaux sociaux.

Plusieurs observateurs ont également relevé les nombreuses similitudes entre leurs arguments et les propos tenus quelques minutes plus tard par Raila Odinga pour justifier sa décision de contester sa défaite en justice.

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