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La visite d’Antony Blinken suscite de nombreuses attentes en RDC

Antony Blinken arrive ce mardi à Kinshasa pour un séjour de 48 heures. Le secrétaire d’État américain s’entretiendra avec Félix Tshisekedi et quelques autres personnalités politiques congolaises. Selon des sources à la présidence de la République et au ministère des Affaires étrangères, la sécurité prendra une grande des discussions entre les autorités congolaises et le dirigeant américain. La RDC attend beaucoup des États-Unis, particulièrement au sujet de l’activisme du M23 et des tensions entre Kinshasa et Kigali.

S’appuyant notamment sur le récent rapport du groupe d’experts des Nations unies qui disent détenir des preuves du soutien de l’armée rwandaise au M23, les autorités congolaises attendent qu’Antony Blinken condamne ouvertement le Rwanda, explique notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi.

Kinshasa considère que ce groupe armé ne résiste que grâce au soutien de Kigali et donc veut que le secrétaire d’État américain mette davantage de pression sur Paul Kagame. Selon l’entourage de Félix Tshisekedi, les autorités congolaises espèrent également que les États-Unis vont placer le M23 sur leur liste des mouvements terroristes comme ils l’avaient fait en mars 2021 avec les ADF. 

Avant de quitter l’Afrique du Sud, Antony Blinken a d’ailleurs fait part de son « inquiétude » à ce sujet et a dit craindre que « la situation empire ». Il a assuré que Washington allait « essayer de faire baisser la tension et la violence » par la diplomatie, espérant aider la RDC et le Rwanda « à résoudre leurs différends ».

Mais le gouvernement n’est pas le seul à attendre une position ferme des États-Unis sur ce dossier. La société civile aussi. Floribert Anzuluni, coordinateur de Filimbi, le mouvement pro-démocratie, encourage le secrétaire d’État américain « à faire pression auprès de Kigali » avec d’autres partenaires internationaux « pour que le Rwanda retire ses hommes du territoire congolais ».

Le problème des importations d’armes

Toujours dans le chapitre sécuritaire, Kinshasa demandera aussi à Antony Blinken de s’impliquer pour que soient levées les mesures entourant les importations congolaises d’armes et autres matériels de guerre.

Pour rappel, les pays exportateurs vers le Congo-Kinshasa sont tenus de notifier au Comité de sanctions mis en place par le Conseil de sécurité toutes transactions d’armes vers le territoire congolais. 

Considéré par Kinshasa comme une forme d’embargo, ce dispositif des notifications, disent les sources onusiennes, permet de s’assurer que le matériel de guerre acheminé vers la RDC soit bien remis au seul destinataire autorisé, à savoir le gouvernement congolais.

À part les questions sécuritaires, d’autres secteurs de la coopération bilatérale comme l’économie, la santé et la politique seront à l’ordre du jour. Les autorités congolaises attendent plus du Partenariat privilégié pour la paix, la prospérité et la préservation de l’environnement conclu par les États-Unis et la RDC en 2019.

Droits de l’homme et corruption

En marge de cette visite, des organisations de la société civile congolaise, associées à des organisations de la société civile américaine ainsi qu’à des chercheurs et spécialistes, ont conjointement publié lundi un communiqué dans lequel ils reviennent sur ce qu’ils attendent de la visite du secrétaire d’État américain en RDC. Processus électoral à venir, droits de l’homme, corruption et conflit à l’Est du pays, les sujets sont nombreux. 

« L’intolérance de l’administration en place pour les critiques s’est intensifiée, mettant en péril l’espace démocratique qui s’était rouvert en 2019 », pointe Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC chez Human Rights Watch. Selon lui, Antony Blinken devrait profiter de cette visite « pour condamner publiquement cette répression ». HRW s’inquiète aussi du manque de progrès dans « le démantèlement de la grande corruption », notamment dans les secteurs minier et forestier. « Blinken devrait exhorter l’administration en place à la transparence », estime Thomas Fessy.

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