Le président du Parlement libyen, Aguila Saleh, entame mardi 2 août une visite de deux jours dans la capitale turque. Ce déplacement a été décalé à plusieurs reprises mais il vient mettre fin à des années de tension entre les deux parties.
Ce rapprochement s’effectue sur fond de changement régional et d’un rapprochement, entre d’un côté Ankara et Le Caire, entre Ankara et Riyad de l’autre. L’Egypte et l’Arabie saoudite sont deux grands alliés de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen. Le déplacement d’Aguila Saleh devrait acter, selon plusieurs parlementaires libyens, la relance des relations.
Au niveau politique, Aguila Saleh cherche à avoir l’appui d’Ankara au gouvernement désigné par le Parlement et dirigé par Fathi Bashagha. Avant son départ, il a appelé à donner sa chance à ce gouvernement. Il pense qu’un troisième gouvernement, selon une proposition américaine, nécessitera huit mois alors que les Libyens sont à bout de souffle.
Ankara, de son côté, cherche à se repositionner sur le dossier libyen, non seulement sur le plan politique mais surtout sur le plan économique. En plus d’être un pays très important pour les exportations turques, la Libye est la « clef de l’Afrique » pour les dirigeants turcs.
La coupure de ses relations depuis 2019 avec le camp de l’est libyen a fait chuter le chiffre de ses exportations. Aujourd’hui, les investisseurs turcs sont invités à y revenir : « Une grande partie des intérêts de la Libye existe à l’est du pays », a affirmé Aguila Saleh.
Ce sont les accords militaires et économiques signés en 2019 avec le gouvernement Sarraj à Tripoli qui ont accentué les différends entre Ankara et Benghazi. Les gisements gaziers que la Turquie souhaite explorer au large du pays se situent à l’est de la Libye.
Les prémices de ce rapprochement ont commencé en fin de l’année dernière. Il y a eu d’abord la libération de sept Turcs accusés d’espionnage et détenus à l’est ; puis la visite d’une délégation parlementaire libyenne à Ankara, et enfin en janvier dernier, la visite dans l’est libyen de l’ambassadeur turc, basé à Tripoli, où il a rencontré le président du Parlement dans sa ville d’Al-Kobba, avec la promesse de rouvrir le consulat de son pays à Benghazi.