Le président français se rend au Cameroun pour tenter de relancer les liens entre les deux pays. Sur le plan économique, ces liens ont tendance à s’effilocher, la France perdant du terrain depuis plusieurs décennies au profit de la Chine, mais aussi de l’Inde. Si la France est le deuxième fournisseur du Cameroun, elle n’est plus que son septième client, les exportations stagnent et les importations baissent.
La bouteille ne doit pas masquer le verre de plus en plus vide. Le récent rachat par le groupe français Castel des activités du britannique Guinness pour 300 milliards de francs CFA (plus de 450 millions d’euros) ne fait guère illusion. Au Cameroun, l’influence économique française se réduit comme peau de chagrin. Dans les années 1990, les entreprises tricolores pesaient 40% de l’économie, elles n’en représentent plus que 10% en 2021 d’après les calculs de l’ambassade de France.
Certes, le pays accueille encore 200 entreprises et filiales de groupes français, dans des domaines aussi diversifiés que l’exploitation pétrolière, le bois, l’agro-industrie ou la distribution, mais les investissements français diminuent tendanciellement. Le stock d’investissements directs étrangers français représentait 853 millions d’euros en 2019, soit trois fois moins qu’au Sénégal.
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Si la France reste le deuxième fournisseur de Yaoundé, en revanche, elle n’est plus que son septième client. Les exportations camerounaises vers la France diminuent régulièrement (260 millions d’euros en 2021) et les importations stagnent (535 millions d’euros en 2021). Si le solde est positif pour la France, Paris n’est plus le premier partenaire commercial du Cameroun. Ce titre revient désormais à la Chine.
Yaoundé a diversifié ses partenaires économiques
Car ces dernières années, Yaoundé a diversifié ses partenaires économiques. Pékin est devenu incontournable dans l’attribution des grands contrats d’infrastructures. À commencer par ceux de la Coupe d’Afrique des nations. L’activisme chinois se reflète aussi dans les routes et l’énergie électrique. La perte d’influence économique de Paris se mesure également à l’aune de la concurrence indienne et turque, de plus en plus vive. Mais le Cameroun exporte aussi ses produits vers les Pays-Bas et l’Italie, ses deuxièmes et quatrièmes. Quant à la Russie, elle a pris l’an dernier la place de troisième fournisseur, juste derrière la Chine et la France.
Avec une économie traditionnellement diversifiée et qui a retrouvé le chemin de la croissance – elle devrait atteindre 4% cette année –, Yaoundé dispose du soutien de ses partenaires au développement. Le FMI qui pousse le gouvernement à éviter les prêts concessionnels et à rationaliser ses dépenses, a approuvé en 2021 un accord de financement triennal dans la cadre de la Facilité de crédit élargie, et ce, pour un montant total de 690 millions de dollars. De quoi aider le pays à renouer avec une politique d’investissements publics plus ambitieuse.