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SÉCURITÉ

L’insécurité dans le nord-ouest du Cameroun empêche les familles d’enterrer leurs proches

La région du nord-ouest du Cameroun est affectée depuis plus de cinq ans par la crise anglophone, les déplacements étant devenus très compliqués et dangereux. Dû à l’insécurité, les familles doivent souvent renoncer à enterrer leurs proches dans leur village d’origine, un crève-cœur dans une région de hauts plateaux appelés Grassfields, où reposer sur la terre de ces ancêtres a un sens profond dans la culture locale.

Avec notre correspondant à Bamenda, Alphonse Tebeck, avec Amélie Tulet à Paris

À la morgue de Bamenda, capitale de la région du Nord-Ouest, plusieurs familles en pleurs sont là pour la levée du corps d’un proche défunt. Certaines ne pourront pas rentrer au village pour les funérailles et doivent se résoudre à enterrer le défunt en ville. Comme pour Cyprian, originaire du département du Donga-Mantung :

« C’était trop difficile d’amener le corps au village, à cause des hostilités, des combats, des barrages sur la route. J’ai enterré mon grand-père sans sa famille, sans ceux qui le connaissaient, ils n’étaient pas là. C’est très très douloureux, car ceux du village n’ont pas pu participé. Mon grand-père n’a pas reçu les hommages traditionnels, cela nous déconnecte de nos traditions, de nos valeurs culturelles, celles qui nous font tenir tous ensemble depuis des siècles. »

Njinuwo Godlove s’occupe du cimetière de la Cathédrale Saint-Joseph de Bamenda. Sous la terre rouge, les dalles de pierre sont utilisées depuis quelques temps pour compartimenter les tombes et y ensevelir jusqu’à trois cercueils :

« Par manque de place, on essaie de rationnaliser l’espace dans le cimetière. Car depuis trois ans, 75 % des personnes enterrées ici ne sont pas originaires de cette paroisse. Si on ne mettait qu’un cercueil par tombe, le cimetière serait plein depuis longtemps. »

Beaucoup espèrent le retour de la paix dans la région du Nord-Ouest pour pouvoir ramener la dépouille mortelle de leur proche sur la terre de leurs ancêtres, et restaurer ainsi le lien entre les morts et les vivants.

 À lire aussi : Cameroun: MSF restreint encore son activité dans le sud-ouest anglophone

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