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Biodiversité: mieux la protéger, une préoccupation aussi en RDC

L’IPBES, que l’on appelle aussi le Giec de la biodiversité, publie ce lundi 11 juillet, un nouveau rapport sur l’état de la biodiversité car des milliards d’humains ont besoin quotidiennement des bienfaits d’environ 50 000 espèces différentes pour manger, ou encore se soigner. L’occasion pour RFI de zoomer sur la RDC pour questionner ceux qui travaillent sur sa biodiversité et veulent la protéger.

C’est une vaste étendue d’eau parsemée d’îles et de rapides, là où le fleuve Congo s’élargit entre Kinshasa et Brazzaville, les capitales de la RDC et du Congo. Appelé le Pool Malebo, ce bassin de 35 kilomètres de long et de 23 kilomètres de large subit une perte de biodiversité qui est observée depuis une décennie, par les chercheurs de l’université de Kinshasa.

L’un d’eux, Michael Mukendi Tshibangu, a conduit Claire Fages sur une portion de sa rive Sud, en aval, au niveau de Kinsuka. Il y constate l’impact du rejet des déchets, des nouvelles constructions, des carrières artisanales et la prolifération de plantes invasives, qui appauvrissent le milieu naturel. 

« Nous avons déjà la présence de la jacinthe d’eau appelé Eichhornia crassipes, c’est une espèce exotique envahissante, très envahissante d’ailleurs, parce que ça cause des dommages déjà dans d’autres aires. C’est ça, avec des fleurs pourpres, ornementales, et de grosses feuilles qui s’étalent à la surface des eaux. Elles gagnent l’espace en créant des tapis monospécifiques empêchant la lumière de traverser pour atteindre les espèces qui sont immergées. Les poissons, par exemple, qui ont pour exigence la végétation des zones de la reproduction. » 

On entend des coups car on extrait de la caillasse dasn des carrières artisanales. « Le Pool Malebo Kinsuka sert aussi de carrière, poursuit Michael Mukendi Tshibangu. Il y a des gens qui viennent chercher de la caillasse pour la commercialisation. » Et cela a bien entendu un effet sur la biodiversité locale. « Bien sûr parce quand on déverse des caillasses dans l’eau, les poissons ont tendance à fuir et aller plus loin, là où il n’y a pas de menace. »   

Pour aller plus loin

L‘IPBES est une plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Sa mission est de renforcer les connaissances pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. C’est l’équivalent du Giec pour la biodiversité.

Elle a tenu sa 9e plénière du 3 au 9 juillet à Bonn, en Allemagne. Le premier volet du rapport de l’IPBES publié la semaine dernière doit permettre de préparer la COP15 organisée en décembre au Canada. Il dresse l’état des lieux inquiétant sur les menaces qui pèsent sur les 50 000 espèces animales et végétales dont dépend l’espèce humaine.

« 50 000 espèces sauvages sont utilisées par l’homme » (Premier volet du rapport de l’IPBES)

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L’ADN, une solution anti-contrebande ?

La RDC est victime d’un pillage de ses ressources animales et végétales vers l’étranger. Ce qui diminue fortement sa biodiversité. Pour lutter contre cette contrebande, le professeur Henri Mbale Kunzi, enseignant à l’Université de Kinshasa et directeur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature, plaide pour l’utilisation de l’ADN qui permettrait, selon lui, de répertorier les espèces originaires du Congo et ainsi d’aider Interpol quand des cargaisons sont interceptées.

« Je pense et je dis clairement : il faudrait trouver un petit équipement ou des équipements pour les institutions d’enseignement supérieur où nous pourrions faire les tests ADN de nos ressources biologiques, notamment nos gros singes, l’okapi, le perroquet, les espèces végétales qui quittent la RDC et dont quelques pays se réclament d’être le père protecteur alors qu’en réalité il n’en est rien.

 

Province de l’Ituri, RDC : Une rivière serpente majestueusement au cœur d’un tapis de jungle préservée proche de la réserve de faune à okapis d’Epulu. MONUSCO/Abel Kavanagh

Si nous avons le barre-codage ADN de nos ressources en bois, de nos ressources végétales, de nos ressources animales, on saura que telle espèce provient de la RDC plutôt que d’un pays frontalier qui en réclame la paternité. Interpol aura aussi le rapport ADN de nos ressources et chaque fois que l’on fera ces analyses, on dira que telle espèce vient vraiment de la RDC parce qu’elle a été certifiée sur la base d’un résultat ADN. »

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