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POLITIQUE

En sommet au Bostwana, des leaders africains appellent à cesser les changements constitutionnels

La Conférence internationale sur le constitutionnalisme a débuté mercredi 6 juillet à Gaborone, la capitale du Botswana. Organisée par l’Institut national démocratique, cet événement réunit des anciens chefs d’États et des acteurs de la société civile pour renforcer la démocratie en Afrique, à un moment où la démocratie recule sur le continent, plusieurs dirigeants africains ayant modifié ou tentant de modifier les constitutions pour se maintenir au pouvoir.

Avec notre envoyée spéciale à Gaborone, Christina Okello

« L’Afrique serait mieux servie par des institutions fortes que par des hommes forts », a déclaré le président du Botswana Mokgweetsi Masisi dans son discours d’ouverture. Soit un message que partage l’ancien dirigeant nigérien Mahamadou Issoufou et l’ex-présidente centrafricaine Catherine Samba Panza qui participent au sommet.

Tous sont d’accord : il faut redoubler d’efforts pour empêcher les changements anticonstitutionnels. À commencer par refréner les actes de corruption des dirigeants politiques, estime Mohamed Sidiye, ambassadeur du Kenya pour le Botswana :

« C’est terrible de voir les dirigeants africains détruire par cupidité ce que nous avons acquis. J’ai vu certains chefs d’État modifier la constitution simplement pour satisfaire leurs caprices, ce qui malheureusement remet en cause les acquis démocratiques, l’État de droit et la justice sociale. Car si vous supprimez la limitation des deux mandats, naturellement il y aura une dictature et nous perdrons la paix et la stabilité. »

« Des institutions faibles, parce que corrompues, ne peuvent pas relever de tels défis »

Au dernier sommet, il avait fait part de sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat, une attitude qui a valu à l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou d’être considéré comme un modèle pour la démocratie en Afrique. Absent cette fois-ci à cause d’un contretemps, c’est par une allocution télévisée que l’ex-chef d’État a plaidé pour des institutions démocratiques fortes :

« Notre sommet se tient dans un contexte où notre continent, l’Afrique, demeure confronté à de graves défis : un défi sécuritaire, défi climatique, défi démographique. Je demeure convaincu que des institutions faibles, parce que corrompues, ne peuvent pas relever de tels défis. »

« Le développement est impossible » dans des « systèmes dirigés par des militaires »

Un message qui intervient alors que plusieurs pays africains ont modifié ou tentent de modifier la constitution pour supprimer la limitation des deux mandats présidentiels. Le dernier en date étant la Centrafrique.

« Nous constatons que les acquis démocratiques sont en déclin, déplore Mohamed Sidiye, ambassadeur du Kenya pour le Botswana. Cela soumet le peuple africain à un système dirigé par des militaires, où les principes constitutionnels sont suspendus, où le parlement est suspendu et les choses vont de de mal en pis. Dans un tel contexte, le développement est impossible, et c’est ce qu’il faut changer. »

Selon le chercheur Nic Cheeseman, les coups d’État militaires à répétition, observés notamment en Afrique de l’Ouest, seraient favorisés par l’absence de bonne gouvernance.  

Avec les troisièmes mandats des présidents de la Guinée, du Togo et de la Côte d’Ivoire ont a vu la jeunesse aller dans la rue pour manifester. Certaines contestations ont même été violentes alors que, selon Amanda Jacobson, chargé d’affaires à l’ambassade des États-Unis, cette jeunesse pourrait jouer un rôle contre ces reculs démocratiques : « La jeunesse est notre plus grand atout, parce qu’elle a tellement d’énergie et de créativité. Elle représente tous les aspects de la société : 70 % de la population africaine a moins de 30 ans et s’impliquent passionnément dans les questions qui sont importantes pour l’avenir de l’Afrique. »

Un avenir qui, selon les participants, se joue sur le respect des institutions démocratiques.

Depuis l’indépendance du Botswana en 1966, le pays a connu un système multipartite, il a organisé des élections libres et transparentes de façon régulière, et le botswana n’a pas eu de problème à mettre en place l’alternance politique, donc nous nous croyons expérimentés pour parler de la démocratie, malgré les menaces qui pèsent sur elle. Ce qui rend notre démocratie particulière c’est qu’elle est ancrée sur notre identité culturelle. Dans notre culture, nous croyons au dialogue, à la résolution des conflits par consensus. Nous croyons que les mots comptent et les opinions aussi, peu importe ce que l’autre croit ou ce que je moi je pense, tous les avis sont importants. C’est sur ces bases là que nous avons fondé notre système du gouvernement.

Pour Gladys Mokhawa, secrétaire permanente pour les affaires internationales du gouvernement du Botswana, il faut entretenir la culture de la démocratie

 À écouter aussi : «Les coups d’État en Afrique rencontrent une certaine audience auprès de la population»

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