Pas de retour au calme à Conakry, après l’interpellation brutale de trois leaders du le Front National pour la Défense de la Constitution. Le face-à-face violent entre les forces de l’ordre et les manifestants, débuté mardi au soir, se poursuit mercredi 6 juillet : les contestataires opposés à l’arrestation perturbent toujours la circulation sur la route Le Prince.
Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal
Le soleil est déjà haut dans le ciel et des jeunes enflamment encore des ordures au milieu de la voie rapide, à 100 mètres du rond-point Bambeto. Il est presque midi. Ibrahima Diallo, activiste de la société civile et habitant du quartier, n’avait pas vu ça depuis le coup d’État du 5 septembre. « C’est la première manifestation qui a paralysé du matin de bonne heure, jusqu’à presque midi. C’est la première manifestation de cette envergure et ampleur », affirme-t-il.
Il dénonce un usage excessif de la force : « Il y a beaucoup de feux de somation, beaucoup du gaz lacrymogène, vous voyez mes yeux ?, dit-il en les montrant, gonflés et cachés derrière une paire de lunette de soleil. Franchement, on nous a asphyxiés dans nos domiciles, la nuit et même ce matin-là. »
Un peu plus haut, des pick-up des forces de l’ordre font face à une centaine de jeunes. Des pierres tombent un peu partout, rebondissent sur le toit des véhicules, puis les policiers tirent quelques grenades lacrymogènes.
Un taxi-moto, habitant du quartier, observe la scène : « Cela me plait, les gens sont là pour montrer à tout le monde qu’ils sont mécontents des arrestations, surtout celle de Djanii Alfa, qui est très populaire. »
Mais tous ne sont pas de cet avis. Certains avouent qu’ils auraient préféré un mouvement pacifique. Cet après-midi, la circulation était encore très difficile sur l’axe.
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